L'interminable feuilleton de la grève des enseignants affiliés au syndicat Cnapeste, entamée dans les wilayas de Blida et de Béjaïa, entre aujourd'hui dans la phase du pourrissement, avec un arrêt de travail illimité au niveau national. L'ombre de l'année blanche plane sur l'enseignement secondaire, le plus touché par l'action du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation. Avec cette ligne rouge franchie malgré toutes les tentatives du ministère de l'Education nationale de contenir la colère et amener les représentants du syndicat à surseoir à la menace de grève illimitée, il n'y a presque plus d'espoir que les choses puissent s'améliorer. Et pour cause, la tutelle est passée aux sanctions radicales en procédant au licenciement et au remplacement d'enseignants grévistes dans les deux wilayas, en plus des ponctions sur salaires, tandis que le Cnapeste décide de durcir le ton en faisant de leur réintégration immédiate et de l'arrêt des intimidations contre les syndicalistes une condition sine-qua non de tout retour à la négociation. Aujourd'hui, ce seront des milliers d'élèves, si ce n'est des millions qui seront privés de cours, et cela va se poursuivre durant plusieurs jours, à moins que les deux parties en conflit, le Cnapeste et le ministère de l'Education nationale, ne trouvent un terrain d'entente pour reprendre le dialogue et se mettent enfin d'accord sur un plan de prise en charge des revendications, tout en épargnant l'élève. Mais tant que les deux protagonistes «se réunissent autour de la table pour prendre des photos», comme l'indique Messaoud Boudiba, porte-parole du syndicat, aucune avancée n'est à espérer. Selon lui, «la réunion de dimanche dernier n'a pas répondu aux attentes des enseignants. Il y avait absence de volonté et de pouvoir de décision». Les revendications du Cnapeste, faut-il le rappeler, tournent autour du «respect des engagements et des promesses contenus dans les procès-verbaux à l'échelle nationale ou des wilayas, à l'instar de la concrétisation des points qui restent du procès-verbal du 19 mars 2005». Il s'agit, entre autres, de la régularisation de la situation des personnels occupant des postes en voie de disparition, de la médecine du travail, de l'actualisation de la prime de zone pour les travailleurs du Sud, du logement et des promotions. Le syndicat réclame aussi «l'annulation des mesures de ponctions anarchiques et arbitraires des jours de grève qui doivent obéir à des négociations comme le stipule la loi». Mais, pendant que les enseignants revendiquent leurs droits, «légitimes» soient-ils, les élèves, eux, payent les frais d'un conflit qui ne les concerne ni de près ni de loin. C'est l'amère réalité dont personne ne semble se soucier dans ce bras de fer. Les parents dans l'embarras Si «les revendications sont légitimes, la grève syndicale de par le monde est limitée dans la durée. Cette persistance d'une grève illimitée déborde sur un autre terrain qui est d'ordre politique et peut produire l'irréparable, dont les conséquences s'abattent sur la scolarité de nos enfants», explique à ce sujet la section de Béjaïa de la Fédération nationale des parents d'élèves, faisant appel au «droit des élèves à la scolarité». Hier, Rabah Tebbal, vice-président de la fédération, a encore regretté que les parents d'élèves soient «réduits à jouer les pompiers en appelant à la responsabilité des syndicats et à leurs conscience». Et de s'interroger : «Pourquoi prendre en otages les élèves ?» Une question qui reste posée jusqu'à ce que les responsables syndicaux et ceux du ministère arrivent à faire passer l'intérêt de ces élèves avant les leurs. Les censeurs menacent A la grève des enseignants du Cnapeste s'ajoute aujourd'hui l'action de protestation des censeurs de lycée dont la coordination est affiliée au Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE). «Des rassemblemenAts seront organisés, ce matin à 10h, devant les directions de l'éducation à travers toutes les wilayas», affirme la coordination qui prévient d'«autres actions d'envergure nationale». Les censeurs dénoncent «l'ignorance et le silence du ministère de tutelle» ainsi que «sa politique de deux poids, deux mesures» contenue dans le décret 12/240 dont ils revendiquent la révision.