L'édition 2018 du Festival Assouan international des films de femmes aura lieu du 20 au 26 février dans la capitale égyptienne, le Caire. Une information qui paraît sans grande importance pour les Algériens, sauf peut-être les professionnels du cinéma, n'était cette invitée d'honneur exceptionnelle de ce festival. Il s'agit de la légendaire Djamila Bouhired, héroïne de la guerre de libération nationale, qui a été accueillie en grande pompe en Egypte. Honorée par le personnel de la compagnie aérienne Egypt Air, Djamila Bouhired qui, en 1958 déjà, inspirait le grand réalisateur égyptien Youssef Chahine qui avait réalisé le film Djamila l'Algérienne, est également honorée par la présidente du Conseil de la femme égyptienne Maya Morsi et la ministre de la culture Ines Abd Al Dayem. La presse égyptienne a qualifié l'accueil réservé à l'icône de la bataille d'Alger de «royal». «Djamila Bouhired est plus grande que tous les mots qu'on peut utiliser pour parler de sa personne, elle nous a appris le sens de la résistance, le sens du courage et le sens de le rectitude», a soutenu Maya Morsi, la présidente du conseil de la femme. «Son nom est synonyme de sacrifice suprême. Elle est la représentante vivante du million et demi de martyrs algériens morts pour que l'Algérie recouvre son indépendance», a-t-elle ajouté. Djamila Bouhired a reçu aussi un hommage de la fille de l'ancien président égyptien Gamal Abdel-Nasser, Houda Djamel Abdennaser. «Je vous ai croisée il y a 56 ans dans notre maison, mais à l'époque, j'étais trop jeune pour comprendre quelle femme vous étiez. J'ignorais que je venais de rencontrer une des plus hautes pyramides du monde arabe», a déclaré la fille de l'ancien leader arabe. Il y a en effet 56 ans, l'héroïne de la guerre d'indépendance qui jouit d'une grande estime dans le pays des pyramides et qui a fasciné de nombreux dirigeants du monde musulman, a été reçue par l'ancien président égyptien. Née en 1935 à Alger, Djamila Bouhired est issue d'une famille de classe moyenne, d'un père algérien et d'une mère tunisienne. Elle a rejoint le FLN alors qu'elle était étudiante, travaillé comme officier de liaison, membre du «réseau bombes» et assistante personnelle de Yacef Saadi, chef de la Zone Autonome d'Alger pendant la bataille d'Alger. En avril 1957, elle est capturée par la 4e compagnie du 9e régiment de Zouaves du capitaine Sirvent (cantonnée dans le palais Dar es Souf place Henry Klein basse Casbah) puis blessée à l'omoplate par Yacef Saadi dans la fusillade qui s'ensuivit. Etant porteuse de documents prouvant qu'elle est en contact avec Yacef Saadi, les services spéciaux la torturent pour lui faire avouer où il se cache, mais elle ne livre que des adresses sans importance et des informations déjà révélées par les documents saisis. Inculpée pour sa participation aux attentats, elle sera condamnée à mort le 15 juillet 1957. Cette condamnation donne lieu à une intense campagne médiatique menée par Jacques Vergès et Georges Arnaud. Ils écrivent un manifeste, Pour Djamila Bouhired, publié la même année aux Editions de Minuit. Après sa libération, elle travaille avec Jacques Vergès – qu'elle épouse en 1965 – à Révolution africaine, un magazine centré sur les révolutions nationalistes africaines. De son mariage avec Vergès, elle a eu deux enfants, Meriem et Liess Vergès.