Le Maroc demeure aux yeux de l'Algérie le facteur de blocage principal de l'intégration maghrébine. Vieux de plusieurs décennies l'ambitieux projet maghrébin ne s'est jamais concrétisé et n'a jamais dépassé le stade de vœu pieux. Les raisons en sont multiples, d'ordre parfois économique, géostratégique mais souvent politique. Et c'est ce dernier aspect que le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel semble retenir en premier lieu, lors de sa récente visite qui l'a mené en terre slave. Depuis Minsk, en Biélorussie, le chef de la diplomatie algérienne a estimé, sans le citer nommément, que le voisin marocain est derrière le blocage de cette intégration pour des considérations en lien direct avec le dossier du Sahara occidental. «Nous continuons à croire que cette intégration est un projet commun et ambitieux à tous les pays du Maghreb. Les considérations politiques liées au conflit du Sahara occidental peuvent être dépassées si la volonté existe. Ce conflit ne doit pas constituer un écueil pour la relance de l'Union du Maghreb arabe (UMA)», a-t-il fait savoir dans une interview qu'il a accordée à la chaîne de télévision russe, Russia today. Messahel a rappelé à cette occasion que la position de l'Algérie est claire et ne souffre d'aucune ambiguïté. «L'Algérie tient à ce projet. Il s'agit pour nous d'un projet stratégique», a-t-il indiqué. Et d'expliquer : «Nous sommes le seul pays de la région qui s'est construit sur la base d'une vision régionale. Nos infrastructures de base sont pensées et conçues sur une base qui intègre une dimension régionale», a-t-il ajouté, citant les exemples de l'autoroute qui va de l'ouest, aux frontières algéro-marocaines, jusqu'à l'extrême est, aux frontières algéro-tunisiennes. Il en est de même, a-t-il enchaîné, s'agissant de la transsaharienne qui va du nord de l'Algérie jusqu'au Niger et au Lagos. Abdelkader Messahel rappellera en outre le message du président Abdelaziz Bouteflika adressée vendredi 16 février aux dirigeants maghrébins, à l'occasion de la célébration du 29e anniversaire de la création de l'UMA. La lettre du Président est claire, tranchera-t-il. «C'est un message qui invite à la relance du processus de construction maghrébine», a-t-il dit, expliquant que l'Algérie ne s'est jamais détournée de ce projet. «J'étais ministre délégué en charge des Affaires maghrébines. Nous croyons toujours à l'intégration maghrébine pour des raisons historiques, culturelles, politiques et économiques », a assuré encore le chef de la diplomatie algérienne. Pour lui, la construction de l'UMA peut se faire sur plusieurs plans. Et les différends politiques n'empêchent pas la réalisation de politiques économiques communes. En 2001 déjà, l'Algérie, rappelle M. Messahel, avait proposé la création de la Communauté économique maghrébine. «On a dit on ne parle pas de l'intégration politique, faisons de l'intégration économique, avec des politiques communes», a-t-il expliqué, en renouvelant la disposition de l'Algérie et son ouverture à aller de l'avant. «L'intégration maghrébine est un choix stratégique pour l'Algérie», a-t-il soutenu.