Pas moins de 45 000 nouveaux cas de cancer, de tous types, sont recensés annuellement à travers le pays, a révélé, hier à Tizi Ouzou, le professeur Messaoud Zitouni, coordinateur du plan national anti-cancer (2015-2019). S'exprimant à l'occasion d'un séminaire national sur l'intérêt du dépistage dans la lutte contre le cancer, organisé au CHU de Tizi Ouzou par l'association de sensibilisation et d'information médicales «Tujya», en collaboration avec le CHU de Tizi Ouzou, l'APW et l'hôpital Chahid Mahmoudi, le professeur Zitouni a révélé que notre pays enregistre chaque année 45 000 nouveaux cas de cancer avec cinq types de cancer à forte prévalence, à savoir le cancer rectal, colorectal, le cancer du sein chez la femme , celui des poumons et le cancer de la prostate chez l'homme. Les progrès socio-économiques sont les principales causes de cette hausse du nombre de malades dans notre pays, mais aussi à travers le monde, explique le professeur, en citant entre autres le vieillissement de la population, la mauvaise alimentation, le tabagisme et l'excès de sédentarité. «Le cancer est causé par deux éléments importants : l'environnement général, c'est-à-dire les substances toxiques que nous respirons comme le diesel et les comportements nocifs, à leur tête le tabagisme qui cause pratiquement 90% des cancers du poumon, et 30% des autres cancers. Il y a des campagnes qui sont en train d'être lancées en collaboration avec le ministère de l'Education nationale pour sensibiliser les enfants contre les méfaits de ce fléau, et ce, à partir de la 5e année primaire. Les pays qui ont de l'expérience dans ce domaine disent qu'il y a deux éléments importants pour diminuer les effets nocifs du tabac, notamment le cancer et d'autres maladies ; c'est le prix qu'il faut augmenter de manière substantielle pour les adultes. Malheureusement, il y a des enfants de 12 ans qui fument ; ceux-là, il n'y a pas de doute qu'à 60 ans, ils vont contracter un cancer ou une maladie cardiaque, donc il faut les sensibiliser dès le jeune âge», indique le professeur, d'où la nécessité selon lui d'axer les efforts sur la prévention et le dépistage précoce pour diminuer le taux de mortalité qui demeure, ajoute-t-il, le véritable enjeu dans la lutte contre le cancer. «Dans les pays développés, l'incidence est très importante, mais le taux de mortalité est réduit, contrairement aux pays en voie de développement où l'incidence et la mortalité sont quasiment au même niveau», a expliqué le conférencier. Pour diminuer la mortalité, il notera qu'il faut s'appuyer sur le traitement et le diagnostic précoce. «Actuellement, il y a beaucoup d'efforts qui sont faits pour améliorer le dépistage de ce cancer. S'agissant de leur mise en œuvre sur le terrain, le comité spécialisé qui s'en occupe a désigné cinq zones pilotes de préfiguration, à savoir Tlemcen, Laghouat, Alger, Constantine et Jijel, où il sera bientôt lancé un dépistage de type national» indique le professeur qui a reconnu les nombreuses difficultés auxquelles font face les malades, notamment en raison du manque de moyens au niveau des structures sanitaires. «Le dépistage du cancer reste gratuit dans le secteur public. Seulement, le problème qui se pose, c'est l'acquisition de certains nombres de produits pour détecter certains cancers en plus de certains obstacles bureaucratiques qui freinent le dépistage de certains cancers», reconnaît le professeur, qui a révélé que le plan national anti-cancer (2015-2019) est doté d'un budget global de 200 milliards DA dont 180 milliards sont consacrés exclusivement à la lutte contre la maladie.