Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis, en visite à Oman, a averti, hier, que toute nouvelle attaque à l'arme chimique par le régime syrien serait «très mal avisée». «Nous avons été très clairs sur le fait qu'il serait très mal avisé (pour le régime syrien) d'utiliser des armes chimiques contre la population et les civils sur n'importe quel champ de bataille», a déclaré M. Mattis à des journalistes à l'occasion de ce séjour dans le Golfe. L'avertissement de M. Mattis, qui a rappelé le précédent des raids américains de l'an dernier en Syrie à la suite d'une attaque à l'arme chimique, intervient au milieu d'informations sur le recours au chlore par les forces du régime contre le fief rebelle dans la Ghouta orientale, près de Damas. «Je tiens à réaffirmer qu'il serait très mal avisé de leur part d'utiliser des armes équipées de produits chimiques et je pense que le président (Donald Trump) l'a dit très clairement au début de son mandat», a ajouté le haut responsable américain. Jim Mattis a indiqué avoir reçu des informations sur l'utilisation et l'existence de symptômes qui pourraient être causés par le chlore, mais ajouté ne pas disposer à ce stade de preuves concluantes sur un tel usage. En avril 2017, le président Trump avait ordonné un tir de missile contre une base aérienne du régime syrien après que Washington a déclaré que cette installation avait été utilisée pour lancer une attaque meurtrière au gaz sarin sur une ville voisine. L'utilisation du chlore comme arme est interdite par la loi internationale et la Russie était censée superviser la destruction de l'arsenal chimique syrien. Le fait que le régime du président Bachar Al-Assad ait encore des armes chimiques montre que «soit la Russie est incompétente, soit elle coopère avec Assad», a jugé M. Mattis. En Syrie, la région assiégée de la Ghouta orientale est la dernière poche contrôlée par les rebelles près de Damas. Les forces du régime y mènent une offensive depuis trois semaines. Leurs bombardements ont tué 1.102 civils et blessé plus de 4.350 autres, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le chef du Pentagone a également critiqué la Russie pour son soutien au régime d'Assad depuis 2015 et sa participation aux opérations contre les rebelles. Le président syrien «ne pourrait pas être au pouvoir sans le déplorable recours au veto de la Russie à l'ONU depuis des années et sans le soutien militaire des Russes à Assad», a-t-il dit. M. Mattis a refusé de dire clairement si l'utilisation d'armes chimiques suffirait à déclencher une riposte militaire américaine. «Le président dispose d'une marge de manœuvre politique complète pour prendre la décision qu'il juge appropriée», a-t-il déclaré. «Il y a d'autres pays occidentaux qui ont été en contact avec nous et qui surveillent de très près la situation et qui sont tout à fait d'accord avec nous et avec ce que je viens de dire, à savoir qu'il serait très mal avisé pour quelqu'un d'utiliser des armes chimiques». Le 2 mars, la présidence française a rapporté un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Donald Trump, affirmant que «la France et les Etats-Unis ne tolérer(aient) pas l'impunité en cas d'utilisation avérée d'armes chimiques en Syrie».