Confronté aux surcapacités de production de ciment, le groupe LafargeHolcim compte désormais sur l'exportation vers l'Afrique de l'Ouest. L'objectif tracé est celui de placer 5 millions de tonnes d'ici 2020. Toutefois, la mission s'annonce laborieuse. En effet, c'est ce qu'a indiqué, jeudi, le directeur des affaires publiques et de la communication du groupe, Serges Dubois, lors d'une rencontre avec la presse nationale organisée, à Alger, portant sur les réalisations 2017 et les ambitions pour l'année 2018. Selon le responsable de LafargeHolcim, l'industrie du ciment va connaître des changements importants en Algérie. La demande sur ce matériau estimée à 23 millions de tonnes par an va stagner, voire même baisser, tandis que les investissements entrepris ces dernières années vont engendrer de nouvelles capacités qui atteindront les 24 millions de tonnes par an. Au total, la production nationale de ciment sera de l'ordre de 47 millions de tonnes d'ici 2020. Il s'agit d'une surcapacité de 100%. Ce qui a fait dire à M. Dubois que la solution réside dans la recherche de débouchés à l'international. C'est l'objectif principal tracé pour l'année en cours, surtout après la réussite de la première expédition réalisée vers la Gambie en décembre 2017. Seulement, cette option est loin d'être facile à concrétiser nécessitant la mobilisation de l'ensemble des acteurs, en premier lieu les pouvoirs publics, les sociétés de transport et les entreprises portuaires. C'est quasiment une nouvelle activité qu'il y a lieu de créer pour assurer une place au produit algérien sur le marché africain, signalant que la concurrence dans ce domaine est très rude. Fort de part sa présence dans 90 pays et de son savoir-faire en matière de commercialisation, LafargeHolcim compte mettre à profit sa filiale spécialisée dans le trading et espère l'aboutissement avant la fin de l'année 2018 du projet d'installation d'une base de rechargement au niveau du port d'Oran, ainsi que la connexion ferroviaire avec l'usine de CILAS de Biskra. A ce propos, le directeur des Affaires publiques a reconnu que le prix de mise à bord reste trop élevé en Algérie, d'où l'urgence d'investir dans ce domaine pour faire de notre pays un champion économique. L'autre obstacle qui se dresse devant cette volonté farouche d'exporter réside dans les barrières tarifaires imposées par les Etats africains. Sur ce point, le groupe LafargeHolcim est rassuré : l'Etat a entrepris des négociations pour la signature d'un accord d'association avec les pays de la Cedeao. En disposant de toutes ces conditions et dispositifs, le cimentier mondial ambitionne de faire de l'Algérie un exportateur potentiel et concurrentiel. D'ores et déjà, on annonce un contrat pour l'exportation de ciment gris sous forme de clinker en vrac vers un pays d'Afrique de l'Ouest dans les prochains jours. Des solutions innovantes Faisant le bilan des résultats obtenus durant l'exercice 2017, Serge Dubois a cité notamment l'inauguration de la cimenterie Cilas de Biskra (dotée de capacités de 2,7 millions de tonnes par an), l'ouverture de 10 nouveaux magasins batistore spécialisés dans la distribution des matériaux de construction, ainsi que le lancement de la solution de réalisation et de rénovation des routes «Ardia 600». Sur le plan de la sécurité, le groupe n'a enregistré aucun accident ni décès, alors que l'activité est considérée extrêmement dangereuse. Ceci est le résultat d'un important travail de prévention et de sensibilisation en direction des employés. En termes de chiffre d'affaires, le groupe a clôturé l'année 2017 avec bilan de plus de 80 milliards DA, alors que le montant des investissements avoisine les 3 milliards d'euros. Le nombre d'employés est porté à 5500, dont seulement 20 cadres expatriés. Cette «success story», pour reprendre le mot de M.Dubois, motive le groupe à continuer à investir et à créer de la valeur ajoutée en Algérie, classée aujourd'hui 5e marché à l'échelle mondiale de la multinationale. Pour l'année 2018, LafargeHolcim mise sur l'élargissement de l'usage de la solution «Ardia 600» et son intégration dans le cahier des charges pour la rénovation et la construction des routes, ainsi que l'élimination des déchets (ménagers, industriels, hospitaliers...) à l'aide des fours des cimenteries, qui sont de véritables incinérateurs. L'implantation des différentes cimenteries à travers le territoire national s'y prête, selon Serge Dubois, pour soutenir les pouvoirs publics dans la réduction des déchets. Il se trouve aussi que l'opération entamée par la cimenterie Oggaz dans ce domaine a donné des résultats satisfaisants. L'autre projet important qui figure dans l'agenda du leader des matériaux et solutions de construction est celui de l'agrandissement du réseau commercial de la franchise Batistore, avec l'ouverture de 10 nouveaux centres de distribution cette année. «On est là pour longtemps», a tenu à préciser Serge Dubois, pour démontrer la détermination du groupe à poursuivre le développement économique, sociel et environnemental du pays.