Dahmane Aissaoui nous a quittés ce jeudi. L'homme qui était connu pour sa modestie et son humilité était pourtant un véritable maitre du chaâbi. Abderrahmane Aissaoui que les jeunes et moins jeunes appelaient âmmi Dahmane est décédé ce jeudi après avoir consacré sa vie à la chanson chaâbi. Connu pour sa modestie et sa grande humilité, Dahmane Aissaoui était parmi ces maîtres de la chanson chaâbi qui n'hésitaient pas à donner des conseils aux jeunes. L'artiste connaissait tous les secrets de la chanson chaâbi. Il était à la fois musicien puisqu'il maîtrise aussi bien le mandole que le banjo, un brillant chanteur et un des meilleurs connaisseurs des textes. Il connaissait tous les textes anciens de Sidi Lakhdar benkhlouf, Benmsaib, Bensahla etc, et comprenait le sens des paroles. L'homme qui était connu pour sa sagesse pouvait parler des heures de l'histoire des précurseurs du lelhoun, lire leurs œuvres, les expliquer et indiquer le contexte dans lequel elles ont été écrites. Dahmane Aissaoui était un véritable homme de culture. Cet enfant de Cheraga ( Alger) était également un brillant bilingue, lui qui a quitté l'école après l'obtention du certificat d'études pour subvenir aux besoins de ses parents. Comme nous le rapporte son ami intime Si Abdelkader, il a commencé à travailler à la maison Hachette à Bab El Oued, tout en apprenant la musique et le chant chaâbi. Tenant à élever son niveau scolaire et culturel, Dahmane Aissaoui qui a profité de ce métier en se mettant à lire les livres qui se trouvaient à la librairie Hachette. Après la nationalisation de cette dernière au profit de la Sned (département français), Dahmane, en décrochant des diplômes universitaires deviendra cadre supérieur notamment au niveau de l'Union arabe du fer et de l'acier à Cheraga. Une grande culture Dahmane Aissaoui était parmi les chanteurs de chaâbi les plus instruits. On ne le rencontrait que rarement, notamment lors du festival national de la chanson chaâbi dont il était membre puis président du jury et pourtant, à chacune de nos rencontres, on apprenait quelquechose auprès de lui. Dahmane Aissaoui était une véritable encyclopédie. Il était capable de citer des centaines d'herbes en arabe et en français et expliquer à quoi elles pouvaient servir. Il était aussi bien capable de parler de l'histoire des colons à Cheraga, du modeste musicien de Bab El Oued que de Cheikh El Mebdassi, de Racine ou de Molière. C'était également un des derniers haffadh ( qui apprend par cœur les textes) du monde du chaâbi. Après sa disparition et celle de Abdelaziz Babaya, à notre connaissance, le seul haffadh qui reste est le maître Mazouz Bouadjadj. Modestie et humilité Dahmane Aissaoui était le plus complet des artistes de chaâbi. Non seulement il apprenait les textes et les comprenait mais il jouait des instruments et chantait en même temps. Dans une de ces dernieres soirées enregistrée lors d'une fête de mariage à Bouzareah, malgré la fatigue, on a vu comment le maître avait excellé dans l'interpretation d'une qaçida alors qu'il ne s'attendait pas à cette invitation surprise pour monter sur la scene. Dahmane Aissaoui qui animait ces dernieres années une émission à la radio était par ailleurs aimé de tous. Hier, dès l'annonce de son décès sur la page facebook de la chanteuse Nardjess, les réactions ont afflué pour rendre hommage à ce monsieur qui était un véritable maître du chaâbi et un homme d'une rare modestie, d'une rare sagesse. L'homme qui n'est plus de ce monde a laissé une belle image et de bons souvenirs. Une institution culturelle devrait porter son nom. Bari Stambouli