Demain, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, recevra une délégation du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Les deux parties ont-elles enfin compris que seul le dialogue est à même de venir à bout du pourrissement ? Entre le ministère de tutelle et les médecins résidents, en grève depuis plus de quatre mois, les gestes de bonne foi se multiplient. La réunion de demain, initialement prévue pour le 28 mars dernier avant qu'elle ne soit reportée suite au décès de trois femmes dont deux médecins résidents exerçant au CHU de Douera, est intervenue après une correspondance adressée par le Camra au professeur Hasbellaoui. Ce dernier n'a pas hésité donc à répondre à la main tendue par les grévistes. «Monsieur le ministre, nous restons ouverts et disponibles au dialogue sérieux et responsable afin de converger vers des solutions concrètes et durables pour l'évolution du système de santé en Algérie», avait écrit le Camra dans son courrier datant du 23 mars. Bien qu'il soit prématuré de parler des chances d'aboutissement de cette reprise du dialogue, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une autre occasion en or pour un dénouement. La crise sans précédent, née de la grève illimitée des médecins résidents, a tellement atteint le degré de pourrissement qu'il est de l'intérêt des deux protagonistes de chercher les meilleures voies à même d'arriver au bout du tunnel. Le chemin passe sûrement par des concessions de part et d'autre. Ce que devraient faire les délégués du Camra et le ministre de tutelle, car ne s'en tenir qu'aux positions déjà exprimées rendrait le rendez-vous de ce dimanche caduc et sans utilité. Selon le Dr Mohamed Taïleb, membre du bureau national du Camra, «il s'agit d'une invitation pour discuter sans plus». Mais il va sans dire que ce sont les points en suspens dans la plateforme de revendications, comme le service civil, les conditions de travail et le service national, qui seront abordés dans l'objectif de trouver un terrain d'entente. Comme l'espoir est toujours permis, il n'est pas écarté de voir les deux parties «converger», comme l'a souhaité le Camra, vers des solutions. La bonne volonté affichée par les médecins résidents de reprendre le dialogue a été vite saisie. Mokhtar Hasbellaoui, après les avoir invités à cette réunion, n'a pas hésité un instant à partager la douleur de toute la famille des résidents suite au tragique décès de deux des leurs. Le ministre a tenu à se déplacer jeudi au CHU de Douera où il a participé à l'hommage rendu aux défuntes, victimes d'une intoxication au monoxyde de carbone, et a observé une minute de silence en leur mémoire, au milieu d'un rassemblement organisé à l'appel du Camra. Un geste apprécié par les médecins résidents en cette douloureuse circonstance. Ce rapprochement pourrait donc aboutir, à défaut d'un accord final pour la suspension de la grève, ne serait-ce qu'à un planning continu et accéléré de négociations pour arriver à des conclusions. Ceci est d'autant plus primordial lorsque l'on sait que l'année blanche n'est pas si loin. Si jamais la grève est appelé à durer encore 5, voire 6 mois, il deviendrait impossible de rattraper le retard en termes de formation. L'année blanche serait dans ce cas inévitable. A cet aspect pédagogique s'ajoutera la mobilisation des médecins spécialistes (Camsa), des médecins internes (Caima) et généralistes (Camga). Des mouvements qui affectent sérieusement le fonctionnement des hôpitaux déjà sous pression.