Condamné en appel en septembre 2016 à trois ans de prison ferme pour «atteinte à l'islam et au prophète Mohamed» sur la base de ses publications postées sur Facebook, Slimane Bouhafs, de confession chrétienne, a été libéré hier après-midi de la prison de Jijel où il purgeait sa peine, indique sa fille Tilelly sur sa page Facebook. Arrêté à Bousselam, dans la région des Ath Ouartilan, par la gendarmerie nationale, il a été condamné en première instance par le tribunal criminel de Sétif à cinq ans de prison et à 100.000 dinars d'amende, avant de voir sa peine réduite en appel de deux ans. Il a bénéficié en juillet d'une grâce de seize mois. Au total, Slimane Bouhafs aura passé vingt mois entre les prisons de Sétif, Constantine et Jijel. Les défenseurs des droits de l'homme avaient jugé à l'époque l'incarcération de Slimane Bouhafs extrêmement lourde de conséquences pour l'Algérie qui ne devrait pas donner, selon leur conviction, l'image d'un pays musulman qui fait la chasse aux chrétiens. C'est sur la base de l'ordonnance n° 06-03 du 28 février 2006 fixant les conditions et règles d'exercice des cultes autres que musulman que de nombreux citoyens ont été poursuivis, pour rappel, devant les tribunaux. Non respect du jeûne, parodie du Coran, propos diffamatoires sur l'islam...sont les principaux chefs d'inculpation à base desquels ont été arrêtés puis jugés plusieurs citoyens en Algérie. Récemment, des chrétiens ont été poursuivis pour prosélytisme, juste parce qu'ils étaient en possession au moment de leur arrestation d'exemplaires de l'Evangile. Par ailleurs, des églises dépendant de l'EPA (Eglise Protestante d'Algérie) ont été mises sous scellés au motif qu'elles imprimaient des documents destinés à la propagande évangéliste, comme à Oran et Arzew. Ces interdictions sont jugées contradictoires avec la Constitution algérienne et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie, lesquelles garantissent la liberté de culte, estiment dans leur ensemble les militants et défenseurs des droits de l'homme.