L'Algérie a mobilisé quelque 20 millions de dollars, pour faire face au flux accru du nombre de migrants clandestins subsahariens durant ces dernières années. Face aux arrivées constantes et massives de migrants, le gouvernement algérien, qui appelle à éviter de stigmatiser, a été amené à des mesures pour tenter de les réduire à un niveau «le plus supportable». Le flux constant d'environ 500 migrants/jour vers l'Algérie préoccupe «au plus haut niveau» les autorités, a révélé hier, le directeur d'études chargé de la migration au ministère de l'Intérieur, Hassan Kacimi, lors de son passage à l'émission l'Invité de la rédaction de la Chaîne III de la radio nationale. L'intervenant a souligné que plus de «56000 migrants subsahariens ont été condamnés par la justice algérienne ces dernières années pour différents crimes et délits». Parmi ces migrants clandestins condamnés «figurent 3000 Maliens, 20000 nigériens et 8000 de nationalités inconnues», a-t-il détaillé. Hassan Kacimi a expliqué que l'on assiste à une modification de la composante sociologique de la population de certaines localités frontalières algériennes, citant l'exemple de la région de Bordj El Houas dans la wilaya d'Illizi frontalière avec le Niger où l'on compte pas moins de 8000 subsahariens, essentiellement des nigériens. Selon lui, le phénomène de la migration clandestine «cache en réalité des visées d'ingérence et de militarisation des espaces». L'intervenant a fait savoir qu'une attention soutenue est apportée à ce problème par les plus hautes instances. «Nous avons à faire à des êtres humains arrivant dans un état d'épuisement extrême, après avoir été confrontés à des situations périlleuses durant leur traversée du désert, au nord du Niger et du Mali», a-t-il noté, soulevant qu'il y a un volet humanitaire que «nous ne pouvons absolument pas négliger». Et pour mieux gérer le flux incessant de ces migrants, Kacimi a relevé que des contacts constants sont maintenus en permanence avec les autorités nigérienne et malienne «afin d'assurer une bonne prise en charge de ce dossier». Cependant, le représentant du ministère de l'Intérieur a déploré que devant ces importantes arrivées de personnes, les efforts des pouvoirs publics tendent à prendre en charge celles qui sont en situation de détresse et à refouler les autres. «Nos moyens étant limités, a-t-il signalé, nous faisons ce que nous pouvons». D'ailleurs, Kacimi a estimé qu'il «ne s'agit pas de migration clandestine d'un schéma classique, mais c'est plutôt un déplacement de nombreuses populations en direction de l'Algérie qui est contrainte de mobiliser quelque 20 millions de dollars pour y faire face», a-t-il souligné. Le même responsable a révélé que dans la région d'Agadès au Niger, quelque «7000 passeurs de migrants activent et cumulent jusqu'à 140 millions d'euros par an». Ces réseaux de passeurs se sont transformés en organisations armées et recourent à tous les moyens pour faire traverser la frontière algérienne à des milliers de subsahariens affluant de différents pays du Sahel. Pour le représentant du ministère de l'Intérieur, l'Algérie est aujourd'hui une victime dans ce trafic en plus d'une campagne féroce visant sa stabilité. Revenant au sujet des accusations provenant de certaines ONG accusant l'Algérie de maltraitance vis-à-vis des migrants subsahariens, Kacimi a estimé qu'il s'agit de «graves accusations sans fondement lancées contre l'Algérie» au nom des organisations humanitaires allant jusqu'à évoquer le «profilage ethnique» pratiqué pendant la seconde guerre mondiale par les nazis. L'ingérence humanitaire sous couvert de défense des droits des migrants se fait par étapes, a-t-il estimé, en rappelant qu'avant le profilage ethnique, «on nous accusait de maltraitance, de déportation, d'expulsions massives, de rafles, de violences et d'emprisonnement de migrants». Il a par ailleurs indiqué que ce flux de migrants cache des velléités d'ingérence et menace la sécurité nationale. Kacimi a rappelé que la présence de ces deux facteurs a eu pour effet de se traduire par le recul de l'Etat, l'extension du terrorisme, l'accentuation des conflits ethniques et le développement des crises et des conflits, «que l'Algérie entend régler par des moyens pacifiques, en concertation avec ses partenaires africains».