C'est parti pour la «course au pouvoir» ! L'élection présidentielle 2019 a désormais un premier candidat qui a pour nom Fethi Ghares, qui se présentera sous les couleurs du Mouvement démocratique et social (MDS). Une candidature surprise pour un parti de gauche qui revient de loin dans une scène politique marquée par l'hésitation des principaux acteurs à afficher leurs ambitions. A l'issue du congrès extraordinaire qu'il a organisé le week-end, le parti de feu El-Hachemi Chérif a tranché en faveur d'un candidat au nom du MDS, loin des alliances que d'autres partis de l'opposition cherchent à sceller en prévision de cet important rendez-vous électoral. C'est donc le porte-parole du parti, Fethi Ghares qui mènera la course. Et le MDS compte sur les milliers d'algériens qu'il a accompagnés dans leurs luttes notamment ceux du mouvement des patriotes, des gardes communaux et autres syndicats pour valider son ticket. Au-delà de cette candidature à laquelle aucun parmi les observateurs de la vie politique an Algérie, ne s'était attendu, c'est le camp de l'opposition démocratique qui se voit ainsi confronté une nouvelle fois à sa diversité. Par son annonce, le MDS est le premier à répondre à l'appel du président de la République qui avait invité, il y a quelques semaines, la classe politique à une confrontation de programmes. «La scène politique doit connaître une diversité, une confrontation de programmes et une course au pouvoir», avait estimé Abdelaziz Bouteflika, dans un message adressé à l'occasion de la célébration de la Fête nationale de la Victoire, 19 Mars. Mais, en décidant de participer à cette «course au pouvoir», le MDS ouvre une autre «course» au sein de l'opposition. Cette dernière a longtemps souhaité et tenté de se rassembler à l'occasion d'échéances importantes. Pour la présidentielle 2019, «le candidat de consensus» revient avec insistance depuis quelques mois déjà. Des leaders de partis politiques tel que Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet ou encore Mohcine Belabbas du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), ont exprimé leur souhait de voir l'opposition avancer comme un seul bloc vers cette joute. Hélas, l'écho n'a pas été au rendez-vous chez un autre acteur qui a son mot à dire dans ce camp, bien qu'il représente un autre courant qu'est celui des islamistes : le Mouvement de la société pour la paix (MSP, en l'occurrence. Abderrezak Makri a exprimé de multiples réserves quant à l'idée d'un candidat unique de l'opposition. Entre temps, le Front des forces socialistes (FFS), qui vient de sortir d'un congrès extraordinaire à l'issue duquel a été élue une nouvelle Instance présidentielle (IP), montre peu d'intérêt à la course à la magistrature suprême du pays. «Ce n'est pas dans notre agenda», a indiqué lors d'une conférence de presse, Ali Laskri, le désormais homme fort du plus vieux parti de l'opposition en Algérie. Toutes ces données semblent donc mener à la seule conclusion que l'opposition ira bel et bien en rangs dispersés à cette échéance électorale prévue dans une année. Contrairement aux partis du pouvoir qui, au cas où le président Bouteflika décide de rempiler, ils se mettront vite en ordre de bataille. C'est dire que la candidature annoncée du MDS a ouvert la course sur un double plan, celui de l'ensemble des candidats et au sein de ceux appartenant à l'opposition. Un signal on ne peut plus clair qu'il n'y aura pas d'alliances, ni de compromis. Et que ce sera finalement du «chacun pour soi». Une fois cette question évacuée, ce sera autour des chances de l'opposition que le débat tournera. Divisée, il sera presque impossible à ses candidats de faire le poids devant le candidat du pouvoir.