Au-delà de la déconfiture de la mouvance islamiste, c'est l'avenir des alliances scellées récemment qui est incertain... L'alliance stratégique, scellée le 21 janvier 2017, entre des formations islamistes, à savoir El-Adala (FJD) de Abdallah Djaballah, Ennahda de Mohamed Douibi, et le mouvement El-Bina de Mustapha Boumehdi, vole en éclats. A peine la période postélectorale des législatives et locales franchie, que l'union se décompose déjà. Mustapha Belmahdi devrait annoncer son divorce d'avec ses deux partenaires dans cette fameuse union, Djaballah et Douibi, lors de son congrès extraordinaire prévu les 29 et 30 mars prochain. Le chef du mouvement El-Binaa serait plutôt chaud pour rejoindre l'autre union islamiste concrétisée par la fusion du front pour le changement (FC)de Abdelmadjid Menasra au sein du MSP avec lequel il a un dénominateur commun et partage les mêmes préoccupations et la vision stratégique. Le leader d' El-Binaa transfuge du MSP, mouvement fondé par le défunt cheikh Mahfoudh Nahnah, souhaite donc retourner au bercail. Il a laissé entendre cette éventualité à travers son intervention à la dernière session ordinaire de son conseil consultatif. Cela démontre que cette alliance, dont l'objectif était purement électoraliste, est loin d'incarner la construction d'un projet politique commun. Ainsi, au-delà de la déconfiture et du recul électoral de la mouvance islamiste, c'est l'avenir des alliances scellées récemment qui est incertain dans le sillage des préparatifs des prochains congrès. Par ailleurs, à la lumière de cette défection, le MSP également en proie aux diverses dissensions, reste l'unique alliance qui tient encore et seul fer de lance des islamistes. Dans cet ordre d'idées, le président du conseil consultatif d'Ennahda avait accusé récemment le secrétaire général de sa formation politique de s'être opposé au projet de fusion au sein du MSP. A ce propos, il faut dire que la situation au sein de cet autre parti islamiste, un des partenaires dans l'alliance de Abdellah Djaballah n'est pas reluisante. Dans sa lettre adressée aux membres du madjliss echoura et rendue publique le 8 mars dernier, Athmania reproche à Mohamed Douibi de tout faire pour empêcher la formation de la commission de préparation du congrès et d'avoir provoqué la démission collective de la majorité des membres du bureau politique de cette formation. Suite à cette discorde, les assises du parti, prévues en 2018, risquent d'être hypothéquées. Dans ce contexte, le MSP s'apprête à organiser la session de son conseil consultatif les 7 et 8 avril prochain pour étudier les documents à soumettre au congrès extraordinaire prochain et définir les critères de candidature à la présidence du mouvement, qui est un point d'achoppement entre l'aile de Bouguerra Soltani et celle de Abderazzak Makri. Pour Makri, le futur président du mouvement doit annoncer sa candidature un mois avant le congrès et animer une campagne électorale interne, tandis que Soltani propose une autre approche, à savoir que le prochain président du parti doit être élu non pas par les congressistes ou les 120 membres du conseil consultatif, mais par tous les militants au niveau de chaque wilaya. Pour rappel, les trois mouvements avaient présenté des listes communes lors des précédentes élections législatives et locales dans le cadre d'une première étape d'un processus soi-disant d'intégration organique au sein d'un seul parti. Une plate-forme se rapportant à cette alliance a été signée et des documents de sa constitution ont été déposés au département de l'intérieur.