Dans la maison islamiste, en construction, il faut le dire, les ménages ne cohabitent pas en bonne intelligence. Les intégrations et autres fusions annoncées ne s'accompagnent pas de sérénité au sein des différentes chapelles. Chez le mouvement Ennahda, les prémices de ce qu'il est désormais convenu de désigner par "redressement" se font sentir. Le secrétaire général du parti, Mohamed Douibi, ne fait plus l'unanimité parmi les ouailles, membres du conseil consultatif qui ferraillent depuis un bon bout de temps pour le descendre de son piédestal. La mésentente est un secret de Polichinelle. Douibi, lui-même, n'en fait pas mystère. Il en parle opportunément. En tout cas, hier, il n'a pas hésité à porter l'estocade à ses détracteurs. La présence de la presse à la rencontre des bureaux régionaux du parti, convoqué pour un conclave à Alger afin d'échanger autour des préparatifs des élections locales, APC et APW, prévues pour novembre prochain, a été pour lui une occasion toute offerte de s'exprimer sur ce conflit organique qui mine Ennahda. Mohamed Douibi répond sèchement qu'il ne renoncera pas à son mandat à la tête du parti, surtout pas sous la pression de ses détracteurs dont il réduit d'ailleurs le nombre à une vingtaine de cadres sans réelle emprise sur les instances délibérantes du parti, notamment le fameux majlis echoura. Un majlis qui se réunira dans une quinzaine de jours à Alger, à la demande de son président qui prendrait, dit-on, fait et cause pour les adversaires de Douibi. Mais ce conclave, annoncé comme déterminant par ses détracteurs, le secrétaire général d'Ennahda le vit comme un moment ordinaire de la vie politique. Il se dit serein et confiant. Ce qui ne l'empêche pas de solder quelques comptes avec ceux qui sont partis en guerre contre lui et qui l'accusent d'agir pour l'intérêt d'une "secte" formée par de fidèles lieutenants qui se recrutent dans la vieille garde du parti. Douibi dit, néanmoins, être disponible pour une alternance au sommet du parti, à la seule condition que celle-ci se fasse dans le respect des règles régissant le fonctionnement du mouvement. Le SG d'Ennhada s'est même déclaré prêt à se consacrer aux prochaines élections locales et à la maturation du projet d'intégration avec les partis FJD et El-Bina. Un projet inspiré par Abdallah Djaballah qui essaie de réinventer une entente islamiste. Un concept en vogue, mais qu'il n'est pas aisé de mettre en projet et encore moins à concrétiser. Sofiane Aït Iflis