C'est une première du genre. Le FLN réunira aujourd'hui à Tizi Ouzou ses cadres des quatre principales wilayas de Kabylie. En effet, le secrétaire général du Front de libération nationale, Djamel Ould-Abbès, présidera cet après-midi dans la ville des genêts une rencontre avec les membres du comité central et les présidents du conseil des wilayas et des communes de Tizi Ouzou, Boumerdès, Bejaïa et Bouira. D'habitude, le parti majoritaire organise des rencontres régionales dans les quatre régions du pays, à savoir le centre, l'est, l'ouest et le sud. La wilaya de Béjaïa participait aux rencontres des wilayas de l'Est alors que les trois autres à celles de la région Centre. Djamel Ould Abbès qui a décidé de réunir les cadres du parti en Kabylie veut se singulariser par sa démarche au moment où la réunion du Comité central, qui accuse déjà un retard de plus de sept mois, est renvoyée aux calendes grecques. Au moment où ses détracteurs demandent la convocation d'une session de l'instance souveraine entre deux congrès, le secrétaire général du parti a préféré convoquer une réunion des membres du Comité central des wilayas de Kabylie et les autres cadres de ces wilayas. Pour M. Ould Abbès, cette réunion est stratégique. Elle intervient à la veille du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation. Il veut mobiliser les élus du parti dans l'objectif de damer le pion aux partis traditionnels de la région, à savoir le FFS et le RCD qui ont toujours départagé les quatre sièges de sénateurs des wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa. Remporter un seul siège des deux à pourvoir en cette fin d'année 2018 serait un exploit pour le parti majoritaire qui pourra tabler sur une alliance avec le RND et les autres partis contre les candidats du FFS et du RCD. La rencontre intervient aussi à moins d'une année de l'élection présidentielle de 2019. Le patron du vieux parti qui annonçait partout que le candidat du FLN serait le futur président du pays veut donc mobiliser également cette région, connue pour son hostilité aux candidats du pouvoir, dans cette perspective surtout que depuis une dizaine d'années, le FLN s'est implanté dans les différentes wilayas, au point où il remporte plusieurs sièges de députés et des dizaines d'APC. Pour le contrôle des APW de Tizi Ouzou et Béjaïa, celui qui a gagné les élections parmi le FFS ou le RCD doit nécessairement composer avec le FLN et contracter une alliance avec lui pour présider l'assemblée. C'est donc une réunion stratégique pour le vieux parti qui, dans les autres wilayas du pays, est assuré de sa suprématie. Dans ces autres wilayas, son concurrent n'est pas un parti de l'opposition, mais son allié au sein du pouvoir, à savoir le RND. Ça sera l'occasion, d'autre part, pour Djamel Ould Abbès, d'énumérer «les réalisations» de l'Algérie depuis 1999, année de l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays. Un bilan vanté par le FLN mais critiqué par les partis de l'opposition. La rencontre d'aujourd'hui à Tizi Ouzou intervient aussi au lendemain du profond remaniement du Bureau politique du parti dans lequel figure désormais le mohafedh et député de la capitale de Djurdjura, Saïd Lakhdari. En effet, mercredi dernier, le secrétaire général du FLN a annoncé un changement surprise au sein du Bureau politique au pas moins de 15 membres ont cédé la place à d'autres figures du parti.