A peine condamné, la société civile se mobilise pour réclamer la libération de Merzoug Touati, blogueur ayant écopé de 10 ans de prison ferme. Un comité de soutien vient de voir le jour et compte passer aux actions de protestation dès ce mercredi à Béjaïa. Composé de militants des droits de l'homme acteurs de la société civile et de plusieurs ONG dont la Laddh et Amnesty international Algérie, le «Comité pour la libération de Merzoug Touati» a été lancé samedi à l'issue d'une réunion tenue au centre des droits de l'homme (CDDH) de Béjaïa. Exprimant leur «solidarité pleine et entière» envers le blogueur condamné en première instance, les initiateurs considèrent que «cette condamnation est une atteinte grave à la liberté d'expression en violation au droit constitutionnel et aux conventions internationales ratifiées par l'Algérie». Dans une déclaration-appel diffusée à l'issue de cette première réunion, le Comité appelle les autorités «à cesser les atteintes répétées aux libertés individuelles et collectives dont Touati Merzoug est un cas de trop». Un autre appel est lancé à toutes les composantes de la société civile et à la population pour un rassemblement pacifique ce mercredi 6 juin à la place de la Liberté d'expression Saïd Mekbel de la ville de Béjaïa. Une action destinée à «dire toute notre solidarité avec le blogueur Touati Merzoug et exiger sa libération inconditionnelle et lui assurer les garanties d'un procès équitable», écrit le comité. En effet, ses membres convaincus de «l'innocence» de Touati, dénoncent «un dossier d'instruction exclusivement à charge et un procès politique inéquitable». Le 24 mai dernier, rappelle-t-on, le tribunal pénal près la Cour de Béjaïa a condamné le blogueur à une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 DA. Merzoug Touati était poursuivi pour quatre chefs d'inculpation, à savoir «intelligence avec l'étranger», «incitation à attroupement armé», «incitation à la rébellion» et «fermetures des routes». Arrêté le 18 janvier 2017, il a donc passé plus d'une année en prison. A l'époque des faits, le blogueur avait publié au début du même mois un message sur Facebook appelant les habitants de Béjaïa à manifester contre la loi de finances qui venait d'être votée au Parlement. Quelques jours après, il postera une vidéo sur YouTube où il interviewa un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères qui «niait toute implication des autorités israéliennes dans les manifestations en Algérie». Saïd Boudour, une autre atteinte à la liberté de la presse Par ailleurs, au moment où la mobilisation s'organise autour de l'affaire Merzouk Touati, un autre cas qui relève de la liberté d'expression est survenu dans la nuit de vendredi dernier. Il s'agit de l'arrestation de Said Boudour, journaliste et militant des droits de l'homme, et de Noureddine Tounsi, employé au port et considéré comme un lanceur d'alerte. Selon le Syndicat algérien des éditeurs de la presse électronique (SAEPE), en voie de création, et dont Boudour est «co-fondateur», ce dernier venait de quitter les locaux de Laddh «lorsqu'il a été proprement enlevé de la place des Victoires à Oran». Une arrestation «selon un procédé digne de la lutte anti-terroriste», dénonce le syndicat, estimant que «rien ne justifie un tel retour aux pratiques d'un autre âge avec les professionnels de la presse», et d'exiger sa «libération immédiate». Les premières informations recueillies auprès de la Laddh à Oran indiquent que Said Boudour «serait poursuivi pour son article sur JCA et Algérie Part sur l'affaire de la saisie des 701 kg de cocaïne sur un bateau au large d'Oran», indique la même source. Les deux personnes interpellées se trouveraient actuellement dans un commissariat à Alger et devraient être présentées devant le juge aujourd'hui.