Alors que le mouvement des médecins résidents est relancé avec la reprise des actions de protestation sur le terrain après l'échec du dialogue avec le ministère de la Santé, les autorités tentent vaille que vaille d'éviter les déserts médicaux. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique vient, en effet, d'appeler à une session de rattrapage des épreuves du DEMS (Diplôme d'études médicales spécialisées), après les deux sessions déjà boycottées par les médecins résidents candidats à cet examen. Dans un courrier adressé le 5 juin dernier à l'ensemble des doyens des facultés de médecine à travers le territoire national, la Direction générale des enseignements et de la formation supérieure du département de Tahar Hadjar précise que «la session de rattrapage est prévue du 1er au 19 juillet 2018». Faisant comme si les épreuves de janvier ou de mars derniers s'étaient déroulées normalement, le ministère explique que «les candidats qui ne se sont pas présentés à la session normale sont informés qu'ils sont autorisés à titre exceptionnel à s'inscrire à cette session de rattrapage». Les inscriptions pour cette session de rattrapage se dérouleront, est-il précisé dans le document dont nous détenons une copie, «entre le 17 et le 24 juin» en cours. Vu les circonstances dans lesquelles intervient cet ‘'appel'', il est clair que les autorités se trouvent dans l'embarras puisque sans une nouvelle promotion de médecins spécialistes, il n'y aura pas de personnel à affecter dans le cadre du service civil. Les spécialistes exerçant actuellement dans les hôpitaux du sud, des hauts plateaux ou encore du nord, ayant déjà consommé, pour la majorité, leur durée obligatoire et s'apprêtent déjà à quitter leurs postes. Dans certains cas, «il y a eu prolongement de la durée et même réquisition du spécialiste sur place», témoignent des médecins résidents, notamment dans les wilayas où le service civil a commencé en mai. En temps normal et s'il n'y avait pas eu de grève des médecins résidents, la nouvelle promotion de médecins spécialistes serait sortie et répartie sur les hôpitaux, suite à l'examen du DEMS organisé chaque mois de janvier. Mais, force est de constater que ni la session de janvier, ni celle de mars (18 mars-12 avril) ne se sont déroulées comme prévu. Les candidats avaient, pour rappel, boycotté les examens à l'exception de quelques spécialistes à compter sur les doigts d'une main. Le reste des épreuves qui concernent une soixantaine de spécialités a été boudé par les quelques 1 500 médecins résidents en fin de cycle rejoignant la cause du Camra. Un tournant décisif dans le bras de fer entre les grévistes et les pouvoirs publics qui redoutent le manque de spécialistes dans les hôpitaux ou, pour reprendre les propos du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, «les déserts médicaux». Et pour cause, le boycott massif du DEMS a constitué une carte à forte pression sur le ministère de la Santé et le ministère de l'Enseignement supérieur. Le mouvement des médecins résidents devenait de plus en plus puissant. Malgré ça, des responsables avaient mis en garde contre les conséquences du boycott. «Il n'y aura pas une autre date pour l'obtention du DEMS, puisque les médecins résidents ont boycotté ces épreuves», affirmait en mars dernier le professeur Salah Eddine Ben Dib, doyen de la Faculté de médecine d'Alger. Le temps aura fini par le démentir, d'autant plus que le ministère de tutelle a tout intérêt à organiser cet examen pour avoir des médecins spécialistes. Pourtant, le risque que cette nouvelle session, dite de rattrapage, soit de nouveau boycottée, n'est pas exclu. D'ores et déjà, les médecins résidents dénoncent «une programmation unilatérale et sans la moindre consultation» et brandissent le boycott. Selon une source du Camra, les candidats au DEMS devraient tenir ce week-end des réunions de concertation afin de prendre une décision définitive.