Limogés il y a quelques jours du Bureau politique du FLN dans un remaniement surprise, huit anciens membres rompent leur silence et s'attaquent à Djamel Ould Abbès qui, selon eux, a agi dans l'illégalité et en violation des textes du parti. Après concertation à l'effet d'étudier ce qu'ils qualifient de «dangereuse et illégale» décision, les exclus du BP ont dénoncé, hier, dans un communiqué rendu public, «un précédent grave dans l'histoire» du parti du Front de libération nationale. Pour eux, le secrétaire général du FLN a commis «une violation des prérogatives du Comité central (CC)», instance suprême entre deux congrès, en procédant «outre ses pouvoirs» de mettre fin au mandat d'un BP légitimement et démocratiquement élu, et en désignant une nouvelle composante «en dehors de la volonté de la même instance et dont la session est bloquée depuis 20 mois». Les signataires, en l'occurrence Mohamed Allioui, Boudiaf Abdellatif Omar, Baadji Abou El Fadhl, Salima Othmani, Rachid Assas, Yahia Hassani, Yamina Meftali et Mokhtaria Reguig rejettent leur limogeage et se considèrent toujours «membres à part entière du BP». Les «nouveaux» adversaires de Djamel Ould Abbès précisent que le bureau politique du parti est responsable devant le CC, seul «habilité» à lui retirer la confiance tout comme pour le SG d'ailleurs. Ainsi, la décision du patron du FLN, prise le 30 mai dernier de mettre fin au mandat de 12 membres, «est contraire» à plusieurs articles, à en croire les arguments des concernés. Il s'agit entre autres des articles 35 (alinéa 9) et 42 du statut, des articles 63 et 71 du règlement intérieur ainsi que des articles 10, 11, 12, 13 et 14 du règlement intérieur du CC. Pour rappel, beaucoup de bruit avait couru sur la légalité ou non du profond remaniement opéré par Ould Abbès. Ce dernier aurait pourtant exploité une faille dans les textes du parti où il n'est nullement précisé comment est fixé le mandat du BP. Ceci dit, l'article 42 du statut cité par les signataires du communiqué stipule que «la liste des membres du Bureau politique est validée par le Comité central sur proposition du SG du parti». Or, la nouvelle liste n'a à aucun moment été validée par l'instance suprême du FLN. Démarche isolée ou actionnée ? Les exclus du BP, appelant les cadres, les militants et les membres du CC à «ne pas reconnaître» la décision d'Ould Abbès, vont loin, puisqu'ils se réservent «le droit d'adopter toute démarche politique et juridique» dans l'objectif d'annuler la décision et tout ce qui en découle. Des propos qui sonnent comme un avertissement à l'adresse du patron du FLN. Plus que ça, ils «souhaitent que les autorités publiques veillent au respect et à l'application de la loi organique sur les partis politique, qui impose une gestion interne démocratique et transparente et le respect de leurs règlements intérieurs». Une allusion on ne peut plus claire au ministère de l'Intérieur et des Collectivité locales, lequel veille au respect des statuts des formations politiques. Sur un autre plan, la sortie de Allioui, patron de la puissante Union nationale des paysans algériens (UNPA) et consorts, se penche sur le rendez-vous de la session du CC, «retardée depuis 20 mois». Ils demandent simplement au secrétaire général du FLN de convoquer cette session «au 30 juin 2018, comme convenu lors de la réunion du BP du 19 avril 2018». Cette réunion qu'Ould Abbès a annoncée puis reportée maintes fois est un enjeu majeur pour lui qui semble assis sur un siège éjectable. D'ailleurs, la montée au créneau des membres limogés du PB prête à beaucoup d'interrogations. D'autant qu'au FLN, les coups d'état scientifiques, c'est ce qu'il y a de plus courant et le moindre bruit est interprété comme une initiative actionnée depuis les hautes sphères du pouvoir. Le fait que les signataires du communiqué en rajoutent, enfin, une couche, estimant que «la fidélité au président (Bouteflika)», c'est d'abord le respect des textes du parti, non pas l'abus de pouvoir, l'on est bien tenté de croire que quelque chose se prépare au FLN...