Certains de nos chanteurs sont devenus célèbres grâce à des reprises avant d'interpréter leurs propres chansons. La reprise de musiques et de chansons anciennes ne date pas d'aujourd'hui. Si les grands orchestres occidentaux continuent depuis des siècles à reprendre les symphonies de Bach, Beethoven, Mozart et Verdi, les chanteurs et associations d'andalou continuent eux aussi à reprendre des chansons datant de plusieurs siècles. Si on ne se lasse pas des symphonies, c'est grâce à la touche du chef d'orchestre qui met sa nouvelle touche à chaque concert. Si on écoute également les anciennes chansons andalouses, c'est aussi grâce aux musiciens et chanteurs qui innovent par de petites touches et par la différence dans la voix et sa portée. Qui parmi nous, n'a pas un jour chanté ou écouté «Mata Nestarihou», cette chanson andalouse écrite et composée il y a presque un millier d'années et reprise également par des milliers de chanteurs amateurs ou professionnels. On peut aimer la version de Dahmane Benachour, de Sadek Bedjaoui ou celle de Fadhila Dzirya, mais l'honneur revient surtout à ces poètes et compositeurs qui nous offert des œuvres artistiques qui ne meurent jamais. Un phénomène mondial Si les Beatles qui sont considérés comme le meilleur groupe de Pop de tous les temps avaient repris plusieurs chansons, d'autres groupes et de stars dont Roll over Beethoven et Rock and Roll Music de Chuck Berry, ils verront eux-mêmes, toutes leurs chansons reprises par des stars dont Elvis Presley. En Egypte, la chanson «La Tekdhibi» avait connu un grand succès à travers la voix de Mohammed Abdelwahab, puis Naget Essaghira et Abdelhalim Hafez. En France, on a vu le grand Jaques Brel : «Ne me quitte pas» reprise par des sommités comme Barbara, Nana Mouskouri, Nina Simone, Silvie Vartan, Serge Lama etc... Les chansons d'Edith Piaf telles que «Je ne regrette rien», «Milord» et «La vie en rose» ont été interprétées par de dizaines de chanteurs connus et moins connus. Chez nous, reprendre un succès est devenu pour des débutants une nécessité pour entrer en scène, mais malheureusement, certains en restent à ce stade de la répétition. La chanson «Chahlet Laâyani» de Abdelhafidh Garami et enregistrée pour la première fois par Mohamed Zerbout est l'une des plus reprises ces dernières décennies. C'est le cas également de «Ya Rayeh» de Dahmane El Harachi qui a fait le tour du monde grâce à Rachid Taha qui lui a donné sa touche moderne. Ce succès a été également repris, notamment lors de concerts par des stars de l'orient plus particulièrement «âla Ezzelzali». Zennouba En reprenant Zennouba, le défunt Amar Ezzahi avait même mené des gens à imaginer une légende selon laquelle le maître du Chaâbi l'aurait écrite lui-même pour raconter sa déception après avoir demandé la main d'une cousine nommée Zennouba et dont les parents auraient refusé la demande. La vraie histoire est que cette chanson a été écrite par le marocain Mohamed El Bahi décédé avant même la naissance de Amar Ezzahi. «Zennouba» a été écrite par le parolier marocain Mohamed El Bahi et a été enregistrée pour la première fois en Algérie par le maître de la musique andalouse et hawzi Cheïkh Larbi Bensari en 1926. Par la suite, c'est Farid Oujdi dit Ninis qui l'avait enregistrée en 1953 avant que ne l' a reprise Hadj M' hammed El Anka en 1958 sur les ondes de la radio. Il faut rappeler que beaucoup de chansons modernes des années 1930- 1940 ont été réenregistrées par nos chanteurs. C'est le cas de Hamidou qui avait repris «Louken Kanou ândi Lemlayene» de Lili Boniche et de Baâziz qui ne cache pas son intérêt pour Rachid Ksentini et sa manière de choisir les sujets. Pour rappel, Rachid Ksentini n'était pas seulement un grand comédien n'hésitait pas à chanter notamment en duo avec Marie Soussan. L'artiste qui écrivait la plupart de ses textes et les composait était également musicien puisqu'il jouait au Banjo. Côté Chaâbi, les mélomanes ont des préférences pour les Qaçaids telles que «Ya Lqadhi» ou «El Qahoua Oulatey» selon les versions de Hadj M'rizek, Guerouabi ou Abdelkader Chaou. C'est aussi une question de goût. Si nous-mêmes, nous préférons «Welfi Meriem» de Cheïkh Ghafour, beaucoup n'hésiteraient pas à dire que celle de Hadj Mhamed El Anka est la meilleure. Le record Les succès de Lili Labassi tels que «Wahran El Bahia» ont aussi été chantés et enregistrés plusieurs fois. Bien que ses paroles cachent une connotation érotique, «Ya Bellaredj» qui a été écrite par Si Moha Benabid, le Djeha algérien né et ayant vécu à Shanine près d'El Asnam (Chelif) fait aussi partie de ces chansons enregistrées par plusieurs artistes célèbres tels que Fadhila Dzirya et Enrico Macias. En tous cas la chanson la plus ancienne de l'histoire et ayant battu le record de tous les temps reste l'hymne religieux «Talaâ El bedrou âleyna» dont on compte diverses versions, notamment celle de l'inégalable Oum Kalthoum et l'anglais Cat Stevens qui porte le nom de Youcef Islam depuis sa conversion à l'Islam.