La conférence de Genève II sur la Syrie que la communauté internationale tente d'organiser pour mettre fin au conflit fait son chemin en dépit des divergences entre les grandes puissances sur une résolution contre Damas au sujet des armes chimiques. L'idée d'une seconde conférence après la première tenue à Genève en juin 2012 a été relancée après la rencontre samedi dans la ville suisse entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. MM. Kerry et Lavrov ont conclu un accord ambitieux sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien. Un accord qui a ouvert des perspectives pour trouver une solution politique en conflit syrien. La Ligue arabe avait souligné mardi l'importance de saisir cette occasion pour agir lors de l'Assemblée générale des Nations unies en faveur de la tenue de la conférence de Genève2. L'accord-cadre conclu récemment entre la Russie et les Etats-Unis sur l'élimination des armes chimiques en Syrie "a ouvert pour la première fois, une porte pour une nouvelle étape qui sera consacrée au règlement de la crise syrienne par voie pacifique", avait déclaré à l'APS le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Benhelli. Selon M. Benhelli, "la détente qui se dessine doit, par conséquent, être élargie car, à l'avenir, il ne suffit pas de se concentrer sur la question des armes chimiques en omettant les autres aspects de la crise qui revêtent, eux aussi, une extrême importance". "Il est important d'exploiter ce climat consensuel entre la Russie et les Etats-Unis pour recouvrer un degré d'entente entre les membres permanents du Conseil de sécurité et aller vers la tenue de la conférence de Genève2, considérée comme le cadre idoine pour le règlement de la crise", avait-il souligné. Il avait également insisté sur la nécessaire de "créer un climat favorable" afin de garantir le succès de la conférence de Genève2 à travers "un accord sur la cessation effective des violences en vue de permettre tant au gouvernement qu'à l'opposition de se préparer pour la rencontre et de donner l'occasion de faire entrer denrées et médicaments au profit des citoyens syriens". Lakhdar Brahimi insiste sur la volonté politique L'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, avait affirmé la veille que la prochaine conférence de Genève II doit impliquer une "volonté politique" chez les parties. "Le problème n'est pas de commencer la conférence, le problème c'est d'être sûr qu'il y a une volonté réelle et solide chez les parties qui comptent", avait-il souligné. M. Brahimi avait confirmé, comme cela avait été annoncé samedi à Genève par John Kerry, qu'il aura un entretien le 28 septembre à New York avec le secrétaire d'Etat américain et avec Sergueï Lavrov pour essayer de fixer une date pour cette conférence. "Nous trois allons nous rencontrer pour voir si nous pouvons fixer une date pour l'ouverture de la conférence de Genève", avait dit l'émissaire international. L'émissaire compte beaucoup sur la Russie et les Etats-Unis pour faire avancer une solution politique, estimant que l'attaque avec du gaz sarin le 21 août dans la région de Damas avait entraîné "une prise de conscience de ces deux grands pays que ce problème doit être réglé". Moscou contre toute résolution contraignante Malgré l'accord entre les Etats-Unis et la Russie, les divergences persistent entre les deux grandes puissances, les Américains et leurs alliés européens veulent une résolution contraignante alors les Russes sont opposés. Les cinq membres permanents au Conseil de sécurité de l'ONU n'ont pas réussi à surmonter leurs désaccords. Les puissances occidentales réfléchissent à une résolution de l'ONU sur la Syrie associée au chapitre VII de la Charte, dans l'objectif d'assurer la pleine coopération de Damas. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères en visite à Damas, Sergueï Riabkov, a annoncé que son pays n'accepterait aucune résolution de l'ONU adoptée sous le chapitre VII de la Charte de l'ONU, ouvrant la voie, dans certains cas, à une action militaire. Pour Washington les menaces d'usage de la force visent à garantir le respect de Damas à l'accord conclu. La Russie qui s'estime déçue des inspecteurs de l'ONU qui ont enquêté sur une attaque chimique près de Damas, a affirmé mercredi avoir reçu de la Syrie des éléments appuyant la thèse d'une provocation des rebelles. "Nous sommes déçus (...) de l'approche qui a été celle du secrétariat de l'ONU et des inspecteurs de l'ONU qui se trouvaient en Syrie et qui ont préparé leur rapport de manière sélective et incomplète, sans prendre en compte des éléments que nous avions à plusieurs reprises signalés", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. Selon lui, des "éléments" avaient été transmis aux Russes par la Syrie pour appuyer la thèse d'une provocation des rebelles. "Les éléments (de preuve) correspondants ont été transmis à la partie russe", a-t-il dit. Le gouvernement syrien a également accusé les rebelles de posséder des missiles et du gaz sarin. Alors les violences se poursuivent sur le terrain la situation humanitaire ne fait qu'empirer de jour en jour. Selon Valérie Amos, coordinatrice des opérations humanitaires de l'ONU, près de sept millions de personnes touchées par le conflit ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence. Elle a souligné que les Nations unies avaient besoin, pour la seule année 2013, de "4,4 milliards de dollars pour la Syrie et les pays voisins".