Le système de retraite algérien a atteint ses limites. Les cotisations des travailleurs ne suffisent plus à payer les pensions de retraite. Face à la croissance rapide des prestations, les cotisations ne rentrent pas suffisamment. Un système financier profondément menacé par des déséquilibres structurels et la CNR n'arrive toujours pas à développer des ressources de façon proportionnelle à l'activité économique, principalement en raison du poids croissant de l'informel. Les prestations pour 2018 sont de 1200 milliards de dinars, alors que les recettes tournent autour de 700 milliards DA. Intervenant hier dans l'émission l'Invité de la Rédaction de la Chaîne III de la radio algérienne, le Directeur général de la Caisse Nationale de retraite (CNR), Slimane Melouka, est longuement revenu sur les difficultés de la CNR. Selon les chiffres communiqués, la CNR s'attend à verser «plus de 11 milliards de dollars en 2018, alors que les recettes tournent autour de 700 milliards DA, en droits contributifs et en aide de l'Etat». «C'est vous dire que le déficit s'est nettement accru», a-t-il fait remarquer. Le système national de retraites concerne désormais près 3,2 millions de retraités, sur 42 millions de population, a-t-il fait observer. Ils étaient seulement un peu plus de 1,2 million en 2000. Leur effectif s'accroissait au rythme de près de 150.000 nouveaux retraités par an. «Pour assurer l'équilibre du système, il faudrait 5 cotisants pour un retraité. On est dans une situation où seulement 2 travailleurs cotisent pour un retraité», a-t-il expliqué. Slimane Mellouka estime qu'«arriver à 3 ou 4 cotisants pour un retraité serait déjà un objectif raisonnable». Face à des prestations en croissance rapide, le nombre de cotisants, estimé actuellement à près de 7 millions, n'augmente pas au même rythme. En cause, essentiellement, le poids croissant de l'informel qui concerne, suivant les sources, entre 3 et 4 millions de travailleurs non déclarés, a-t-il expliqué. «En 2010, la dépense en matière de retraite tournaient autour de 350 milliards DA pour une recette de l'ordre de 370 milliards DA. Nous sommes passés en 2012, grâce aux augmentations salariales de l'époque, à une recette de 650 milliards DA pour une dépense d'à peine 600 milliards DA», ce qui explique la dégradation du système financier de la CNR. Les retraites anticipées en cause Le DG de la CNR explique la dégradation de la situation financière de la Caisse de retraite par «les départs massifs» de travailleurs en retraite anticipée, au «nombre d'un million», durant les années 2014 et 2015. La suppression du dispositif de départ anticipé en retraite, qui constitue, selon Melouka, «un retour à une situation normale du fait que ce dispositif a été mis en place à titre exceptionnel, dans une conjoncture exceptionnelle», et le taux de 1% qui a été surajouté à la branche retraite en 2015 et qui a permis un apport de 30 milliards DA supplémentaires par année ont aidé la Caisse à surmonter ses difficultés et à continuer à assurer le paiement des pensions. La dernière augmentation des pensions de retraite décidée par le président de la République va bénéficier «à 2,8 millions de retraités et coûtera environ 20 milliards de dinars supplémentaires», ce qui va fragiliser encore plus cette Caisse. Ce qui doit amener à la recherche de nouvelles ressources financières pour combler ces dépenses. L'Etat a injecté dans la Caisse 500 milliards DA en 2018, qui s'ajoutent à un son apport annuel régulier de 15% des dépenses. La hausse du taux de cotisation des salariés, décidée en 2015, a franchi un nouveau palier en passant de 17% à 18,5%. Ce n'est cependant encore qu'une première étape. Pas moins de 560 milliards de dinars (près de 5 milliards de dollars) ont été prévus la loi de finances 2018, par le budget d'équipement. Cet argent constitue un remboursement des avances accordées par la CNAS à la CNR. Le DG de la CNR,= a évoqué le chiffre de 800 milliards de dinars avancés par la CNAS depuis 2015. Toutefois, «une réforme du système de retraité s'impose et des réflexions sont engagées (...) pour étudier sa faisabilité sans toucher aux droits des retraités», a déclaré Mellouka. Et d'ajouter : «un système qui a été mis en place il y a 35 ans a forcément ses limites». Interrogé sur les paramètres de réformes concernés, Slimane Mellouka a estimé qu'il est «difficile à réformer à cause de ce qui est considéré comme des acquis». Cependant il fait savoir qu'il y a des propositions qui concernent l'âge de départ à la retraite, le taux des cotisations ou encore le nombre d'années retenu pour le calcul de la pension.