La décision du département de l'Education d'infliger de lourdes sanctions aux établissements scolaires du cycle moyen ayant obtenu de mauvais résultats au Brevet d'enseignement moyen (BEM) et de priver les personnels administratif et éducatif de vacances scolaires a été appréciée différemment par les professionnels de l'éducation et les parents d'élèves. En effet, Meziane Meriane, président du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (SNAPEST), dans une déclaration au Temps d'Algérie, a estimé qu'«on ne peut sanctionner sans situer les responsabilités. Le département de l'Education ne peut infliger des sanctions qu'après que les commissions d'enquête auront statué et déterminé les responsabilités et les causes exactes de cet échec. Il est évident que c'est simple de sanctionner, mais qui sanctionner au juste ? Le recours aux sanctions, c'est de la précipitation», précisera Meziane Meriane. Pour M. Meriane, «comment n'a-t-on pas pu détecter et anticiper le fait qu'il va y avoir des résultats au BEM inférieurs à 20% ? C'est impardonnable de la part de l'administration. Cela veut dire qu'il y a une faille», ajoutant que «ces résultats constituent un cheminement du travail continu de toute l'année, et cela a échappé, entre autres, à l'inspecteur général». Il faut savoir qu'une bonne partie des élèves du cycle moyen suivent des cours de soutien durant toute l'année et «malgré ces cours de soutien, les élèves ne peuvent pas combler les lacunes. C'est plus grave, le mal est plus profond qu'on ne le pense. Il faut des commissions d'évaluation scientifiques composées d'inspecteurs, de spécialistes en sciences de la pédagogie. Il s'agit de revoir les copies et vérifier les reprises des erreurs apprises en cours. Et si c'est le cas, il faut revoir impérativement les cours dispensés. Enquêter suppose également retrouver les cahiers et exercices des élèves et vérifier leur contenu. Il ne faut rien laisser au hasard». Le congé annuel est un droit Concernant l'instruction envoyée aux établissements scolaires du cycle moyen stipulant que le personnel enseignant et administratif n'est pas autorisé à quitter les établissements dont le taux de réussite au BEM est inférieur à 20%, donc sont privés de vacances, le président du SNAPEST estimera que «la résolution de priver de vacances d'été le personnel des établissements ayant réalisé un taux de réussite inférieur à 20% n'est pas légale. Le droit à un congé annuel est reconnu par la législation du travail et dans la Constitution». Par ailleurs, Khaled Ahmed, président de l'Association nationale des parents d'élèves, a estimé que le principe de sanctionner le personnel des Collèges d'enseignement moyen (CEM) dont les résultats lors du BEM sont inférieurs à 20% est «une bonne chose. C'est catastrophique d'obtenir des résultats de cet ordre». «Mais, s'interrogera Khaled Ahmed, a-t-on mis tous les moyens pour avoir de meilleurs résultats ?» «Peut-on comparer les résultats d'un CEM à Aïn Defla ou Djelfa, sans transport, sans cantine, sans eau et avec des enseignants non titulaires avec un CEM au centre d'Alger ? La problématique est là», soulignera le président de l'Association nationale des parents d'élèves. Pour notre interlocuteur, «les responsables des établissements sont déjà avertis puisqu'ils ont en leur possession un classement déjà établi». Dans ce sens, M. Khaled Ahmed relèvera que «c'est en fonction des moyens que l'on peut sanctionner. Si dans un établissement, on travaille avec 5% des moyens, à quoi peut-on s'attendre ?». Enfin, à propos des sanctions, le président de l'Association nationale des parents d'élèves estimera qu'«il peut y avoir des mutations obligatoires, une diminution dans les primes de rendement, des avertissements ou des blâmes. Seules les commissions d'enquête peuvent situer les responsabilités».