L'on croyait la crise derrière le parti. Ce n'est apparemment pas le cas. Au sein du FFS qui renvoie l'image d'une formation politique ayant retrouvé sa sérénité depuis le congrès extraordinaire qui a vu l'élection d'une nouvelle direction, se livre une bataille de coulisses dont l'enjeu est le prochain congrès ordinaire. L'équipe d'Ali Laskri, le désormais homme fort du parti, est accusée de ne mener rien qu'«une purge» contre tous ceux qui ne partagent pas sa démarche. De sources internes, on croit savoir que le clan que l'on désignait de «cabinet noir», n'ayant pas digéré sa défaite, veut rebondir. Un véritable travail de sape est mené depuis quelques jours dans l'objectif de discréditer la feuille de route du secrétariat national conduit par Mohamed Hadj Djilani et tous les changements opérés par l'actuel présidium composé d'Ali Laskri, Mohand-Amokrane Chérifi, Brahim Meziani, Hayat Tayati et Sofiane Chikoukh. A travers les réseaux sociaux comme dans débats de réunions internes au niveau local, les soutiens de l'ancienne direction, complètement effacée, se manifestent et accusent. On reproche à la nouvelle équipe dirigeante d'«avoir mené une purge, de s'enfoncer dans la médiocrité du discours politique et de dévier de la ligne du parti», précisent nos sources. Les mêmes accusations qui reviennent, faut-il le préciser, à chaque fois qu'il y a malaise, et qu'utilise d'ailleurs un courant contre un autre. Pourtant, il est évident que cette nouvelle campagne est menée en prévision du 6e congrès ordinaire du parti qui devra intervenir au début de l'année 2019. Un rendez-vous qui va conférer un mandat de quatre ans, contrairement à celui de l'actuel présidium qui ne durera qu'une seule année. Elle exprime une bataille féroce pour gagner le soutien de la base militante dont seront issus les futurs congressistes. En face, la direction du parti continue d'appliquer sa «feuille de route» de réorganisation des instances et de leur mobilisation. Au moment où les tous partis politiques sont attentifs à tout ce qui concerne de près ou de loin l'élection présidentielle de 2019, le FFS, lui, connaît une dynamique interne qui ne s'arrête pas. Rien que pour ce week-end, neuf conseils fédéraux ont été organisés en plus d'autres rencontres dédiées aux jeunes et aux élus. Présentées comme des activités «dans le cadre de la mise en œuvre du plan d'action du secrétariat national», il paraît évident pourtant que la direction du parti multiplie les efforts pour convaincre au sein de la base et surtout s'assurer d'une meilleure redistribution des rôles. Histoire de préparer une confortable assise pour se maintenir lors du prochain congrès, que ce soit avec la formule de l'instance présidentielle ou une quelconque autre option que le FFS choisira. Le jeu trouble de Jugurtha Aït Ahmed Dans cette bataille qui se déroule en douce, l'ex-cabinet noir peut compter sur un soutien de toujours, en la personne de Jugurtha Aït Ahmed, fils du défunt chef charismatique et fondateur du parti, Hocine Aït Ahmed. En effet, Jugurtha, qui s'est déjà distingué dans le passé, par des positions qui, le moins que l'on puisse dire, sèment le trouble dans la maison, récidive. Cette fois-ci, en même temps qu'il encense Salima Ghezali, députée de la wilaya d'Alger et ancienne conseillère auprès du présidium, il charge Ali Laskri, Mohand Amokrane Chérifi et autres membres de l'actuelle direction. Sur son compte facebook, le fils d'Aït Ahmed écrit que Salima Ghezali était «choisie et appréciée» par son père, et ce, «pour la finesse de ses analyses», ajoutant qu'elle est «jalousée par quelques apparatchiks sans envergure». Pour Jugurtha, «elle est la personnalité au sein du parti qui peut garantir et préserver aujourd'hui les idéaux et la ligne politique édifiée par Hocine Aït Ahmed». Cette publication a été largement relayée par des cadres voulant renverser les choses au sein du FFS. Mais, par son parti pris, le fils d'Aït Ahmed, qui n'a aucun lien organique avec le FFS, ne fait qu'enfoncer les divergences et élargir le fossé entre les frères d'une même famille.