Finie la crise, finies les tractations. Le FFS a désormais sa nouvelle Instance présidentielle (IP) et ouvre une nouvelle page dans son parcours. Une nouvelle car le plus vieux parti de l'opposition en Algérie vient de faire un grand virage en «arrachant», selon les termes utilisés par les centaines de militants qui s'expriment avec joie sur les réseaux sociaux, cette formation d'une mainmise qui a trop duré. En optant pour la liste présentée par Ali Laskri, démissionnaire le 11 février dernier de la désormais ex-IP, les congressistes (plus de 600) ayant pris part au congrès extraordinaire tenu ce vendredi à Zéralda ont choisi le changement et la rupture avec les pratiques qui, jusque-là, s'étaient érigées en mode de gouvernance au FFS. Aziz Baloul, figure visible de ce que l'on désignait du nom du Cabinet noir, est écarté. La souveraineté du congrès a pris le dessus sur la résolution du 9 mars dernier à l'occasion d'un conseil national portant sur «une liste consensuelle comprenant les membres de l'actuelle IP». Il faut dire que par sa démission et sa convocation, selon les termes des statuts, de ce congrès extraordinaire, Ali Laskri aura offert une occasion en or aux militants afin de s'exprimer et se libérer d'une pression intérieure qu'ils subissaient depuis longtemps. Une fois la formation des listes de candidature ouverte, les tractations ont commencé. Ayant échoué à convaincre Laskri de composer dans la même «liste consensuelle», synonyme d'un retour sur sa décision de démission, les Baloul ont, selon des sources internes, «tenté une dernière carte» en faisant appel à une vieille figure qui fait le poids par son nom et son parcours de militant discipliné, Ahmed Djeddaï en l'occurrence. Sollicité pour figurer dans leur liste, l'ancien premier secrétaire du FFS déclinera l'offre. La tendance s'est vite établie en faveur de l'équipe de Laskri à laquelle s'est joint «Mohand Amokrane Chérifi dont le courant des Baloul n'a pas vu venir le repositionnement», expliquent nos sources. Par 224 voix, la liste menée par Ali Laskri, Mohand Amokrane Chérifi, l'ex-députée Hayet Tayati, le sénateur Brahim Meziani et Chioukh Sofiane de Constantine s'est imposée au final contre celle l'ex-premier secrétaire, Mohamed Nebbou, les deux P/APW de Tizi Ouzou et de Béjaïa, Youcef Aouchiche et Mhena Hadadou, le député de Bouira Djamel Bahloul et Mme Karima Bendjabri de la wilaya de Chlef. Même le message de Jugurtha, fils du défunt Hocine Aït Ahmed, sur sa page facebook, estimant que «la solution consensuelle trouvée par les protagonistes du 9 mars est exemplaire» n'a pas pesé. Ali Laskri est allé jusqu'au bout de ce qui semble être «un coup d'Etat démocratique» au FFS, contre un contrôle obscur de l'appareil exercé par une poignée de personnes jouissant de leur proximité avec la famille Aït Ahmed. Défis Pour beaucoup, le vent du changement a soufflé sur le FFS. Toutefois, d'autres pessimistes parmi les militants d'ailleurs, estiment que ce n'est pas encore fini. En effet, la présence de Mohand Amokrane Chérifi dans la nouvelle IP «est difficilement acceptée». Cet homme est en effet connu pour sa proximité avec les cercles du pouvoir et pourrait, soutiennent nos sources, «constituer un obstacle contre la réhabilitation du parti dans son authentique rôle». Quoi qu'il en soit, ce changement tant attendu ne se fera sûrement pas dans la précipitation et la purge. La nouvelle IP aura sûrement à désigner prochainement un nouveau secrétariat national, mais «avec Mohamed Djilani en poste». L'actuel Premier secrétaire national du FFS sera conforté dans sa mission, lui qui n'a pas cédé durant la crise qu'a traversée le parti depuis 3 mois. L'enjeu maintenant pour le nouveau présidium est de corriger les «injustices» à travers des décisions courageuses qui pourraient rassembler tous les enfants du parti, même les radiés d'entre eux, et préparer au mieux le prochain congrès ordinaire prévu dans une année, soit à la veille de la présidentielle de 2019.