L'un soutient la continuité avec un autre mandat du président Abdelaziz Bouteflika, l'autre est à la recherche d'un nouveau consensus que dont l'élection présidentielle de 2019 peut être l'occasion : il était évident que la rencontre très attendue Ould Abbès-Makri se termine sans avancées. Les divergences entre le FLN, première force politique du pouvoir et le MSP, un des principaux parti de l'opposition, ont scellé le sort du rendez-vous d'hier au siège de l'ex-parti unique à Hydra, dans le cadre des consultations que mène le parti islamiste pour expliquer son initiative de consensus national. Après les protocolaires allocutions de bienvenue et de remerciements, les deux délégations se sont enfermées pendant deux heures pour un échange que l'on qualifiera lors du point de presse qui a suivi, de «très positif». Pourtant, Djamel Ould Abbès qui prendra la parole en premier à l'issue de la rencontre expliquera d'emblée que «le FLN a écouté et réitéré ses positions, mais aussi exprimé quelques réserves sur les qualificatifs et l'approche». Il s'agit, ajoute le secrétaire général du parti, de la transition démocratique et du rôle de l'armée. «J'ai dit franchement à nos frères du MSP qu'il faut éviter certaines expressions pour arriver au consensus», a déclaré Ould Abbès. Ce dernier refuse catégoriquement de parler de transition d'autant plus que «nous avons, pendant des années, travaillé et bâti ensemble de 1995 à 2013 et s'il y a des insuffisances, nous les partageons», a-t-il rappelé dans une allusion à l'époque où le MSP faisait partie du pouvoir. Concernant l'autre réserve qu'est le rôle de l'institution militaire, Ould Abbès réaffirmera que «la Constitution définitclairement ses missions». Une réponse à l'approche de Makri qui pense que l'armée doit accompagner le processus pour une transition. A ces réserves, le SG du FLN ajoutera encore que le parti a bien tranché en ce qui concerne son soutien au président Abdelaziz Bouteflika, afin qu'il poursuive sa mission, rappelant que l'appel a été fait en mars dernier au nom de 700 militants. Face à ce qui semble donc être des «lignes rouges», Abderrezak Makri, président du MSP, s'est montré zen et compréhensif, se permettant quelques commentaires. Il soutiendra que son parti est d'abord «à la recherche d'un consensus national non pas d'une transition démocratique». Sur ce, il pense que la prochaine élection présidentielle constitue l'occasion idoine. Quant à l'armée, Makri rappelle que «le MSP a été dans le passé victime de l'intrusion de l'institution militaire dans l'action politique», plus particulièrement «dans les élections». À présent, a-t-il déclaré, «nous sommes d'accord pour aller vers un Etat civil et nous trouvons dans le parti FLN un allié sur ce plan». Cependant, l'orateur insistera, toujours dans le même ordre d'idées, que «pour le MSP, tous les acteurs politiques, institutionnels, sociaux et syndicaux doivent participer à l'initiative de consensus, dans le cadre des limites de la Constitution». Les divergences mises de côté Quant à la divergence des positions concernant le soutien à Bouteflika, l'hôte d'Ould Abbès se montrera compréhensif. «Il est tout à fait normal que le FLN soutienne l'actuel président de la république qui est aussi président du parti», a estimé Abderrezak Makri. Et d'enchaîner : «mais les autres partis ne sont pas tenus d'avoir comme candidat Abdelaziz Bouteflika». À ce stade, l'écart est tellement immense entre les deux partis qu'il a fallu maquiller la suite. Ainsi, Makri comme Ould Abbès, qualifiant la rencontre de «positive», reconnaîtra qu'il était «difficile» d'arriver à des convergences lorsqu'on évoque des noms. «Nous n'avons donc pas parlé de personnes ni des noms de candidats», a-t-il précisé, préférant terminer sur une note positive quant aux «canaux du dialogue qui restent ouverts». La seule convergence entre le FLN et le MSP est peut-être le constat sur le plan économique. Les deux partis sont d'accord pour «trouver un consensus sur un gouvernement qui pourra sortir le pays de sa dépendance aux hydrocarbures et sortir du danger». Sinon, le rendez-vous ne peut pas dépasser son aspect protocolaire pour animer une scène politique morose. Enfin, le président du MSP interrogé sur les chances de son initiative après l'échec de dizaines d'autres similaires et s'il avait reçu de quelconques garanties des hautes sphères, a répondu qu'«il n'y a aucun secret» dans cette démarche et «tout se fait dans la transparence». Quant à sa rencontre avec le FFS, laquelle s'est terminée sur un rejet diplomatique, il estimera qu'au contraire, «avec ce parti, il y avait convergence totale». Seulement, «ils pensent qu'il n'y a pas de volonté politique chez leurs interlocuteurs, lorsqu'ils avaient proposé l'initiative en 2014».