Louisa Hanoune est née à Jijel le 7 avril 1954. Issue d'une famille très pauvre, elle dut s'enfuir vers Annaba après la destruction de la maison de ses parents par l'armée française. En 1962, à l'indépendance, elle fut la première fille de sa famille à rejoindre les bancs de l'école. Candidate de gauche à l'élection présidentielle actuelle, Louisa Hanoune évoque en guise de modèles les premières héroïnes de son enfance, les maquisardes algériennes : «Durant toute mon enfance, ma mère m'en parlait avec une admiration contagieuse (…) Elle les avait vues écrire une lettre ou dessiner une carte sur un bout de papier et c'était la première fois de sa vie qu'elle voyait des femmes écrire. Elle en avait été bouleversée. Je crois que c'est cette émotion, le trouble de ma mère, qui a fait que toute petite je savais moi aussi que, quand je serais grande, je ferais 'des plans'.» Sa détermination et son audace font d'elle une combattante et une militante hardie dès son jeune âge. Adolescente, elle alla jusqu'à rompre avec son père pour pouvoir suivre des études de droit à l'université de Annaba. Alors que l'Algérie était à la pointe du combat anti-impérialiste, Louisa Hanoune commença à façonner ses tendances politiques. Elle agit dans une effervescence socialiste d'une Algérie nouvellement indépendante : «Tout le pays bruissait encore de la guerre de Libération, tout le monde parlait de socialisme, de justice, de progrès. L'Algérie était à la pointe du combat anti-impérialiste… on était complètement solidaires des Palestiniens, leur cause était la nôtre. On était contre l'apartheid en Afrique du Sud, on parlait du Vietnam, j'ai grandi comme toute notre génération dans cette atmosphère militante, de combat», clamait-elle. Louisa Hanoune militait dans des groupes féministes qui manifestaient contre le code de la famille, adopté par l'assemblée algérienne en 1984 et encore en vigueur à ce jour. Membre d'un parti clandestin d'extrême gauche, l'Organisation socialiste des travailleurs (OST), elle fut condamnée en 1986 à six mois de prison. A l'ouverture du champ politique, après les émeutes d'octobre 1988, Hanoune devint l'un des fondateurs du Parti des travailleurs dont elle a toujours été le porte-parole.En 2004, elle fut la première Algérienne candidate à l'élection présidentielle. Elle obtint 1% des votes (101 630 voix). Cette femme, devenue une importante figure du paysage politique, affiche fièrement ses origines montagnardes. Elle ne cache pas non plus son âge. «J'ai l'âge de la Révolution algérienne», aime-t-elle répéter. Elle est décrite comme modeste et orgueilleuse à la fois. Modeste parce qu'elle n'oublie pas ses origines et orgueilleuse parce qu'elle est à la tête du premier parti politique à être dirigé par une femme en Algérie. Et surtout parce qu'elle est la première femme dans l'histoire de l'Algérie à officiellement briguer le poste de président de la République.