Affichée comme une «militante confirmée», Louisa Hanoune est avant tout une femme algérienne… avec ses malheurs et ses souffrances. Pareille à beaucoup d'autres femmes algériennes de son époque, Louisa Hanoune a souffert durant son enfance, voire durant son adolescence. Issue d'une famille modeste, le père était boulanger et la mère femme au foyer, elle grandit au sein d'une fratrie de 4 garçons et 3 filles. Très jeune, elle assiste aux déboires de la guerre de Libération. Son enfance fut frappée par «l'exil» forcé et subit suite à la destruction de la maison familiale par l'armée française. Privée de toit, la famille se réfugie à Annaba. «Cet épisode m'a traumatisée. Ce jour-là, j'ai pris conscience que je ne pourrai jamais me taire face à l'injustice», se confie-t-elle. Outre ce traumatisme qui remonte à sa tendre enfance, la Louisa adolescente dut se battre pour poursuivre des études supérieures. Autre déception : la fac lui aurait été interdite n'était son courage. Bien qu'elle soit la fierté de ses parents, étant la première fille de la famille à fréquenter l'école, la petite Louisa n'avait pas le droit «de savoir plus qu'il n'en fallait» : apprendre à lire et à écrire était largement suffisant pour les jeunes filles «bonnes à marier» de l'époque. D'autant que Louisa est originaire d'un petit village de la commune de Chekfa, à Jijel (qui faisait partie de la wilaya de Béjaïa), un village conservateur comme tant d'autres. Elle était parmi les rares filles «privilégiées» qui ont fréquenté le lycée. Aller à l'université était trop demandé, ce lieu étant à l'époque considéré comme un lieu de débauche. Contrairement aux filles de son âge, la jeune Louisa ne se résigna guère. Encouragée par sa mère, elle s'inscrivit à la faculté des sciences juridiques de Annaba où elle décroche une licence en droit. C'est dans ce campus que naît sa vocation de militante. Louisa Hanoune ne parle pratiquement pas de sa vie privée. Si elle affiche fièrement ses origines de campagnarde, elle n'en fait pas autant pour sa vie privée. Elle a fait récemment preuve de cette discrétion dans Jeune Afrique : «Je ne vois pas l'utilité de parler de ma personne. Mes engagements politiques passent avant le reste.» Elle reconnaît cependant n'avoir jamais voulu d'enfants. Autre traumatisme de son enfance ? En effet, petite, elle vit sa sœur aînée se faire répudiée sans raison aucune. Ce jour-là, elle s'était juré que pareil drame ne lui arriverait jamais. Rien ne se fait au hasard. L'on comprend aujourd'hui cette volonté d'indépendance et ce féminisme résolu qui caractérisent cette politicienne de la première heure. Une femme qui ne connaît pas de repos. Ses yeux, parfois fatigués, en disent long sur son parcours de militante. Ses dernières vacances remonteraient à l'été 1996, année où elle s'est accordé un petit séjour en Grèce. Etant une mordue de la lecture, ses moments de détente sont consacrés à ce hobby.