Les habitants du village «El Hemri», dans la localité de Fréha, à une trentaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, sont très en colère. Et ils ont tenu à le montrer dès les premières heures de la matinée d'hier en procédant à la fermeture dus siège de la mairie. La raison ? Ils réclament le ramassage des ordures au niveau du village. Du coup, les employés de l'APC de Fréha ont été empêchés d'accéder à leurs bureaux et c'est ce sont tous les services qui sont restés paralysés. Le village El Hemri n'est cependant pas le seul village à voir ses déchets non ramassés. En effet et depuis le mois de mai dernier, les services de l'APC avaient informé l'ensemble des comités de villages de la commune de Fréha de la suspension du ramassage des ordures au niveau des villages en raison de l'inexistence d'un site à même d'accueillir une décharge. Cette décision de l'APC se voulait aussi une manière d'amener les villageois à prendre en charge la gestion de déchets par le tri sélectif et le compostage. Cependant, cela semble avoir donné un résultat contraire puisque des décharges poussent par ci par là, comme partout ailleurs. La forêt de Bouhlalou, située sur les hauteurs de Fréha et chevauchant aussi la commune d'Aghribs, qui devait accueillir dès 2007 un centre d'enfouissement technique jamais réalisé en raison d'oppositions, s'est du coup transformée en une immense décharge. Il y a quelques jours, une opération de nettoyage a été initiée par des habitants de la région afin de nettoyer cette forêt menacée par la pollution qui la ronge. Le paysage qu'offre cette région est des plus désolants. Non loin de là, le mont de Tamgout qui se dresse dans toute sa fierté cache lui aussi une réalité amère, des plus catastrophiques. La pollution qui ronge cette région pèse sur plusieurs villages comme Ibsekriene, Agouni Ghezifene, Agraradj…, dans la commune d'Aghribs, ceux de Hendou dans la commune d'Azazga, au bas du mont-Tamgout jusqu'à ceux de la commune d'Akerrou dont Alma Guechtum, Kissoun, Tifrit At El Hadj etc. La réalisation de CET s'éternise Avec le sempiternel problème des oppositions, rien ne garantit que les futurs CET verront le jour, notamment celui de Fréha. Inscrit en 2007 au niveau de la commune d'Aghribs, et confié en travaux à une entreprise privé en 2011, le projet en question n'est pas encore lancé en raison de la forte opposition d'une partie des citoyens. Des cas similaires ont été enregistrés à Mizrana dans la daïra de Tigzirt, à Boubhir à Azazga ainsi que le CET d'Iloula Oumalou, dont les travaux sont à l'arrêt depuis plusieurs années en raison de l'opposition des riverains. On croit savoir que le CET de Fréha sera relancé, ce qui n'est pas le cas pour ceux de Mizrana et Boubhir, tous les deux concernés par la décision de gel des projets non encore lancés. La pollution est partout Aujourd'hui, la Kabylie offre un visage des plus hideux. Elle est rongée par l'insalubrité. Sur les 1500 villages que compte la wilaya de Tiiz Ouzou, on peut compter les quelques villages qui peuvent se targuer d'être propres. Pour tout le reste, la situation est des plus désolantes. Cette pollution ronge même les espaces forestiers qui, avant, étaient plus au moins épargnés. De nos jours, ces espaces subissent des agressions multiformes dont la plus dangereuse reste la pollution. En effet, l'on s'accorde à dire que l'espace forestier de la wilaya de Tizi Ouzou n'a jamais été aussi menacé. C'est toute son existence qui est remis en cause. Le degré de pollution de l'espace forestier est effarant. De l'Akfadou en passant par le massif de Yakourène, jusqu'à celui de Mizrana au nord, de Sid Ali Bounab, d'Amejoudh, jusqu'aux hauteurs du Djurdjura, comme à Tala Guilef, la réalité est des plus frappantes.