Triomphaliste, Ali Laskri, l'homme fort du FFS, a annoncé, au lendemain du congrès extraordinaire du 20 avril dernier, un assainissement au sein du parti. «Nous veillerons à restituer le parti à ses militants dans toutes les structures, et dans son mode de fonctionnement. Pour corriger les dysfonctionnements, nous procéderons chaque fois que de besoin, à un assainissement démocratique», a-t-il déclaré à l'issue de ce congrès, qui l'a porté à la tête du plus vieux parti de l'opposition. Ce qui est appelé un «assainissement» n'est finalement qu'une «purge», qui a touché les membres de ce qui est désigné comme le «cabinet noir» du parti, constitué des Baloul, Salima Ghezali et Chafaa Bouaiche, ancien chef du groupe parlementaire. La machine à broyer les anciens cadres, actionnée par Ali Laskri, qui gère le parti comme il veut, -les autres membres de l'Instance présidentielle ne s'y impliquent pas- n'épargne personne. Et c'est au tour de Salima Ghezali, députée, ancienne conseillère du défunt Hocine Aït Ahmed, de passer à la «guillotine» politique du FFS. Salima Ghezali passera en conseil de discipline du parti, pour avoir écrit une lettre au général de corps d'armées, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Offusqués, les partisans de cette députée se disent choqués par ce procédé, et dénoncent une atteinte à la liberté d'expression de l'ancienne conseillère d'Aït Ahmed. C'est à peu près pour la même raison que Rachid Halet, ancien membre de l'Instance présidentielle, a été exclu des rangs du parti par les anciens dirigeants, à cause d'un témoignage sur le début de la décennie noire. Avant Salima Ghezali, c'est l'ancien chef du groupe parlementaire, Chafaâ Bouaiche, qui a vu ses activités au sein du parti suspendues, en attendant sa comparution devant la commission de discipline. Ce dernier, qui s'attendait à son écartement depuis le congrès extraordinaire du 20 avril dernier, avait qualifié ceux qui l'ont écarté d'«apparatchiks sans envergure». «Quand on décide de militer de manière organisée, dans le cadre d'un système bloqué par la dictature de la médiocrité, la corruption, l'Etat de non-droit et la prime à l'allégeance, on prend forcément des risques. On se condamne à être la cible, tantôt des nervis du système, et tantôt des apparatchiks sans envergure, qui en prolongent les nuisances. Mais être un vrai militant, c'est savoir le rester en toutes circonstances», avait-t-il écrit. Ali Laskri s'est imposé comme le chef suprême du FFS. Les quatre autres membres de l'Instance présidentielle (Mohand Amokrane Chérifi, Brahim Meziani, Sofiane Chioukh et Hayat Taiati), sont complétement effacés. Les anciens cadres, qui subissent les foudres du nouveau maître des lieux, bénéficient du soutien «peu rentable» des fils du fondateur du parti, le défunt Hocine Aït Ahmed. Mais ce soutien n'est pas de nature à faire reculer la nouvelle direction, issue du dernier congrès extraodinaire. Cette dernière explique que les fils d'Aït Ahmed n'ont aucune légitimité, pour s'immiscer dans les affaires internes du FFS. «La filiation ou la proximité ne confère aucune légitimité sur le parti, ni ne permet d'influencer, voire de retarder la dynamique de changement engagée à tous les niveaux, pour renouveler les structures et élargir la base du parti dans les 48 wilayas du pays», avait déclaré le Premier sécretaire, Mohamed Hadj Djilani. Les observateurs s'attendent à la radiation des ces anciens cadres. C'est aussi le souhait de ceux qui ont été écartés par l'ancien «cabinet noir», et réhabilités par Ali Laskri et son équipe.