Bouhadja ajourne sa démission et maintient le suspense Encore une fois, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), tergiverse et maintient le suspense sur son avenir. Saïd Bouhadja, après avoir déclaré qu'il s'apprêtait à quitter son poste, estimant que la situation à la Chambre basse du Parlement était devenue incontrôlable, et qu'il fallait y mettre fin, se mure dans un silence qui pose beaucoup d'interrogations. Rien n'a filtré, hier, de l'hémicycle Zighout Youcef, où les chefs des groupes parlementaires de la majorité maintenaient leur position, et attendaient le moment où le président de l'APN annoncera enfin sa démission. Mais, c'est compté sans l'entêtement de Bouhadja. Dans sa dernière déclaration, faite dimanche dans l'après-midi, il a explicitement fait savoir qu'il va quitter son poste «dans les prochaines heures». Force est de constater que plus de 24 heures après, l'homme est toujours en poste, et entretient un flou total dans cette affaire. Mais, qu'est-ce qui fait revenir le président de l'APN sur sa décision à chaque fois ? Une question que se posent beaucoup d'observateurs. Ceci, bien que du côté des chefs des groupes parlementaires de la majorité, l'on n'est pas tellement pressé de voir l'homme jeter l'éponge. Chikh Barbara, chef du groupe parlementaire du Mouvement populaire algérien (MPA), d'Amara Benyounès, se montre même confiant. «Nous ne sommes pas pressés, et nous comptons sur la sagesse de Monsieur Bouhadja, qui est un moudjahid et un grand militant, pour débloquer la situation», a-t-il déclaré à la presse. Le député du MPA estime que le retrait du président de l'APN «n'est qu'une question de quelques heures», appelant les médias à «ne pas se précipiter plus qu'il en faut». Chikh Barbara ne manquera pas, cependant de tirer sur les députés de l'opposition qui, selon lui, «tentent de sauter sur l'occasion pour faire durer l'impasse en soutenant ouvertement Bouhadja». Ce que ne partage pas Ahmed Sadouk, chef du groupe parlementaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP), d'Abderrezak Makri. Pour lui, cette crise qui secoue l'APN n'est pas innocente. «Nous sommes devant une impasse étrange aux raisons inconnues», a-t-il dit, rejetant donc les arguments avancés par la majorité parlementaire dans leur motion de retrait de confiance. Il se demande, en effet, «comment la majorité, qui a élu Bouhadja il y a une année, et n'a pas cessé depuis de louer son image de grand moudjahid et d'homme intègre, puisse se retourner contre lui tout d'un coup ?». Sadouk va plus loin jusqu'à exprimer ses «craintes» que cette affaire cacherait ce qu'il considère comme «une bataille qui se déroule en dehors du parlement». «Nous craignons que l'Assemblée n'est qu'une simple arène», a-t-il lâché. Au milieu de cet échange d'accusations et d'interrogations, Saïd Bouhadja continue d'observer un silence pour le moins inexpliqué. Certains observateurs n'écartent pas que l'homme soit soutenu et encouragé de l'extérieur, au sein même du pouvoir. Ce que Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et néanmoins Premier ministre, avait écarté lors de sa dernière conférence de presse, soutenant qu'«il n'y a pas eu et il n'aura pas de coup de fil» dans cette affaire. Même du côté du parti FLN, auquel appartient le président e la Chambre basse du Parlement, l'on ne comprend pas la tergiversation de Bouhadja. Insistant sur le fait qu'au sein du parti, «on attend toujours la démission» du patron de l'APN, Fouad Sebouta, chargé à la communication du FLN, considère qu' «il s'agit désormais d'une question d'éthique et non pas de lois». Rappelant que les députés «ne veulent plus travailler avec Bouhadja, il se demande si ce dernier est en train de gagner du temps ?». Mais, même dans ce cas de figure, «pourquoi gagner du temps ?», s'interroge encore Sabouta, concluant qu'il est préférable à l'homme de «partir dans la dignité». À sa sortie, hier, de l'hémicycle Zirout Youcef, où l'attendaient plusieurs journalistes, Said Bouhadja a continué de maintenir le suspense, en refusant de leur faire la moindre déclaration.