Des députés et militants du FLN veulent à tout prix la tête de Saïd Bouhadja, président de la Chambre basse du Parlement et membre de cette formation politique. Son sort en tant que troisième homme de l'Etat est, semble-t-il, scellé ! Hier de folles rumeurs ont circulé sur sa démission de son poste de président de l'Assemblée populaire nationale. Contacté, Saïd Bouhadja dément l'information. «Je n'ai pas compris pourquoi on parle au sein du groupe parlementaire de ma démission. La démission obéit à des procédures légales, pas à des procédures illégales, sans aucun rapport avec les lois de la République», explique-t-il. Bouhadja dit croire à l'alternance au poste de responsabilités et qu'il était prêt à démissionner, si la procédure de sa destitution se fait dans le respect de la loi et surtout si l'ordre émane de la partie qui l'a désigné à ce poste, en l'occurrence le président Bouteflika. Pour Bouhadja «l'état d'ébullition au sein du Parlement et au sein du FLN a une dimension politique. Je ne ferai aucune résistance si on m'invite à partir dans le respect des lois, mais si l'on essaye de me destituer à travers la collecte de signatures, c'est-à-dire illégalement, je ne partirai pas», a menacé Bouhadja, qui nous rappelle qu'il est moudjahid, qu'il n'a jamais failli à ses missions et a toujours assumé ses responsabilités. Bouhadja, 80 ans, fait l'objet de pressions au sein de l'hémicycle Zighout Youcef et au sein du FLN depuis qu'il a pris la décision de mettre fin aux fonctions du secrétaire général de l'APN, Bachir Slimani. Interrogé à ce sujet et sur les griefs retenus contre lui au point de vouloir sa destitution du poste de l'APN, un poste clé, il répond : «Je ne sais pas. Je suis élu pour un mandat de 5 ans et président de l'APN depuis 2017. Durant cette année, je n'ai jamais failli à mes responsabilités.» Du côté de la direction du FLN et surtout du groupe parlementaire, on affirme que les jours de Bouhadja à la tête de l'APN sont comptés. «Si Bouhadja part de son propre gré dans l'immédiat, il nous facilitera la tâche, sinon, nous avons entamé l'opération de sa destitution par la collecte de signatures. Des députés d'autres formations politiques adhèrent à notre démarche», note Sebouta, le chargé de communication du parti majoritaire à l'Assemblée. Celui-ci explique que Bouhadja ne pouvait pas démissionner un vendredi, car il devrait d'abord réunir les membres du bureau et l'ensemble des groupes parlementaires afin de les informer de sa décision. «Certes, une démission répond à certains critères et nous espérons que Bouhadja partira le plus vite possible», déclare Sebouta. Pourquoi un tel souhait ? Que reproche-t-on à Saïd Bouhadja ? Les députés pointent du doigt sa mauvaise gestion. «La gestion de Bouhadja à la tête de cette institution est catastrophique, ajouté à cela ses décisions prises en solo sans concertation avec le ministère chargé des Relations avec le Parlement. Il fallait donc agir et mettre fin aux actes irresponsables de Bouhadja», accuse notre interlocuteur. A la question de savoir quels sont les autres partis politique qui veulent retirer leur confiance à Bouhadja, des députés FLN parlent de tous les partis au pouvoir et qui siègent à l'Assemblée, y compris le groupe des indépendants. «Les groupes parlementaires alliés du pouvoir à l'APN, à savoir le FLN, le RND, TAJ, MPA et les indépendants, se sont rencontrés jeudi et ont décidé de mettre fin à leur collaboration avec le troisième homme de l'Etat. Ils ont établi la liste des signataires pour sa destitution», souligne un député FLN. Reste aujourd'hui à savoir quelle attitude adoptera le premier magistrat du pays ? Et quelle seront les conséquences de la destitution du président de la Chambre basse du Parlement, le troisième homme de l'Etat ?