En raison de la situation au Sahel Le président du centre opérationnel du ministère de l'Intérieur et directeur chargé du dossier migratoire, Hacen Kacimi, a mis en garde, hier à Alger, contre le flux migratoire vers l'Afrique du Nord qui risque, selon lui, de connaître des développements «plus inquiétants» à cause de la situation précaire prévalant dans les pays du Sahel. «Les populations de la région du Sahel vont subir des crises hydriques et alimentaires sévères, du fait des fragilités naturelles qui touchent la région comme la sécheresse, ce qui risque de provoquer un déplacement important de ces populations, et toucher quelque 35 millions de Subsahariens qui vont tenter de remonter vers le Nord de l'Afrique, en l'Algérie et au sud de l'Europe», a indiqué M. Kacimi, qui s'exprimait en marge de la rencontre nationale sur l'aménagement et le développement des zones frontalières, organisée par le ministère de l'Intérieur. Du fait de ce flux migratoire «grandissant», il a fait savoir que l'Algérie a déjà signifié aux Allemands, Espagnols et Italiens notamment, que 35.000 à 45.000 migrants subsahariens sont empêchés de remonter au Nord par l'Algérie, et ce, avec ses propres moyens financiers. «Les dispositifs sécuritaires mis en place au Sud du pays représentent les premiers boucliers des frontières de l'Europe (….); si l'Algérie cède, il y aura une migration déferlante vers l'Europe», a-t-il averti. En ce sens, M. Kacimi a souligné que «l'Algérie n'est pas responsable de la détresse des migrants certes, mais elle demeure solidaire de leur détresse, en menant de grandes opérations d'aide à l'égard de ces populations au niveau des localités frontalières». A ce propos, il a relevé que ces migrants arrivent aux frontières dans un état de santé fragile, ce qui a amené l'Algérie à mobiliser des moyens «colossaux», précisant, que «durant les trois dernières années, plus de 120.000 prestations médicales ont été effectuées au profit de ces migrants, porteurs de maladies lourdes et contagieuses». S'exprimant sur le rapport du Rapporteur spécial du Conseil des droits de l'homme sur les droits des migrants, Felipe Gonzalez Morales, relatif à la situation des migrants nigériens en Algérie, M. Kacimi a relevé que c'est un «rapport inacceptable», regrettant en même temps qu'un «fonctionnaire des Nations unies profère des menaces contre un Etat». «C'est un rapport élaboré dans des conditions douteuses, dans la mesure où ce fonctionnaire de l'ONU a été juge et partie avec l'intention de nuire à l'Algérie», a-t-il dit. Kacimi a, en outre, fait savoir que «le rapport s'est basé sur les témoignages de passeurs et de délinquants expulsés de l'Algérie suite à leur condamnation par la justice algérienne», faisant observer que l'auteur de ce document aurait pu se déplacer en Algérie, notamment à Tamanrasset et aux zones frontalières, à l'effet de recueillir des informations mettant en évidence les efforts déployés par l'Algérie en faveur des migrants. Il a également relevé que Morales a omis de mentionner qu'il y a un accord bilatéral, entre l'Algérie et le Niger, pour le rapatriement des Nigériens, précisant à cet effet «qu'il ne s'agit pas d'expulsions mais des rapatriements». «Il y a des passerelles entre Morales et certaines parties qui sont en train de financer cette campagne de dénigrement», a ajouté M. Kacimi, ajoutant qu'«il y a quelque 7.000 passeurs et 14.000 véhicules tout-terrain qui transportent quotidiennement des milliers de migrants vers les frontières algériennes et libyennes», a-t-il affirmé. Pour le directeur chargé du dossier de la migration au ministère de l'Intérieur, «il existe des complicités coupables avec ces passeurs et l'Algérie ne cessera jamais de dénoncer ces agissements» car, a-t-il réaffirmé, «l'Algérie ne cédera pas et protégera ses frontières».