Le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, a déclaré hier, qu'il n'y avait «pas encore de consensus» entre les grands pays producteurs de pétrole pour «réduire la production» de brut. «Il est prématuré de parler d'action spécifique», a-t-il déclaré, en réponse à une question sur la possibilité de réduire la production de pétrole, pour enrayer la baisse des prix. Faleh a fait ces déclarations avant une réunion à Abou Dhabi, des pays membres de l'OPEP et non membres du cartel, dont la Russie. Les grands producteurs de pétrole sont entrés en négociation à Abou Dhabi, pour étudier la possibilité d'un retour à des limitations de la production, au moment où la dégringolade actuelle des prix de l'or noir fait craindre un effondrement des cours, comme en 2014. Pris en étau entre un bond de la production chez quelques grands pays producteurs, et la crainte d'une baisse de la demande, les cours du pétrole ont chuté de près de 20% en un mois, après avoir pourtant culminé, début octobre, à leur plus haut niveau depuis quatre ans. Le prix du baril de Brent est passé, vendredi, sous la barre des 70 dollars, pour la première fois depuis avril, et celui du baril new-yorkais (WTI) sous les 60 dollars, en baisse pour le neuvième mois consécutif. Malgré des signes de ralentissement de la demande, l'Arabie saoudite, la Russie, le Koweït et l'Irak ont récemment augmenté leur production de brut, et les Etats-Unis celle de pétrole de schiste. La récente diminution des prix de pétrole est, notamment, le résultat d'une demande en baisse de la Chine, le plus grand importateur, qui connaît un ralentissement de sa croissance, souligne Cailin Birch, analyste à l'Economist Intelligence Unit. D'autre part, les sanctions américaines contre l'Iran, qui menaçaient de faire baisser l'offre mondiale et de faire grimper les prix, se sont avérées moins sévères que prévu. Dans la perspective des sanctions américaines, Moscou et Ryad, deux des trois plus grands producteurs mondiaux, avaient amendé, en juin, leur accord de limitation de la production, afin de pouvoir extraire plus et compenser une baisse des exportations pétrolières iraniennes. Depuis décembre 2016, les pays de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), menés par l'Arabie saoudite, et d'autres producteurs non-membres du cartel, dont la Russie, appliquaient un accord de réduction de la production d'or noir. Lors de la réunion de dimanche du Comité ministériel conjoint de suivi de l'accord, ils comptent aborder la baisse de leur production. Ryad avait augmenté sa production, passant de 9,9 millions de barils par jour en mai, à 10,7 millions bpj en octobre, d'après le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh. Selon Fawad Razaqzada, analyste pour Forex.com, les responsables discuteront probablement «de la nécessité d'un retour à un respect de l'accord à 100%», après la décision de Washington d'accorder des exemptions à huit importateurs de pétrole iranien. «Les prix sont en baisse, alors que la production des grands producteurs, comme l'Arabie saoudite, la Russie et les Etats-Unis continue d'augmenter, dépassant les quantités de barils iraniens perdus», a-t-il expliqué. Si les producteurs «échouent à montrer leur intention d'inverser la dernière hausse de la production, les prix du pétrole risquent de plonger davantage», ont prévenu, vendredi, les analystes de Commerzbank. Aucune décision ne devrait être prise à Abou Dhabi, mais des recommandations devraient être émises avant une réunion plénière de l'OPEP, prévue en décembre à Vienne.