Après la mobilisation des Gilets jaunes, Emmanuel Macron dit qu'il ne cédera pas. Dans le contexte de forte exaspération exprimée par le mouvement des Gilets jaunes, Emmanuel Macron a parlé publiquement aux Français, hier, depuis une salle de conférences du palais présidentiel. «J'éprouve de la compréhension pour ces concitoyens, mais je ne céderai pas à ceux qui veulent la destruction et le désordre», dit-il. Commentant le mouvement des Gilets jaunes, le président de la République a constaté qu'il avait donné lieu à «des manifestations importantes et à des violences inacceptables», expliquant par ailleurs : «J'éprouve de la compréhension pour ces concitoyens, mais je ne céderai rien à ceux qui veulent la destruction et le désordre». A propos de la taxe carbone, Emmanuel Macron a rappelé qu'elle avait été votée, engageant beaucoup de responsables politiques de sensibilités diverses. «Certains disent que ce sont toujours les mêmes qui font les efforts, et ils ont raison», dit le président français, cité par les médias. Le chef d'Etat français a insisté sur la nécessité de garder le cap de la transition écologique, et de ne pas opposer «le présent à l'avenir». «J'ai vu les difficultés que la situation entraîne auprès des Français qui roulent beaucoup. Ils disent que ce sont toujours les mêmes qui font des efforts, et ils ont raison», a-t-il dit. Emmanuel Macron a poursuivi : «Chacun doit jouer son rôle, y compris moi». Le président de la République a ajouté que 14 réacteurs français seraient arrêtés d'ici 2035, dont quatre à six d'ici 2030. Abordant le sujet des véhicules électriques, Emmanuel Macron a expliqué son ambition de développer une autonomie européenne en ce qui concerne la production de batteries : «Aujourd'hui, nous dépendons totalement des Coréens et des Chinois, nous devons avoir une stratégie franco-allemande, et si possible une stratégie européenne. La transition ne doit pas se faire à n'importe quel prix», a affirmé Emmanuel Macron, avant de poursuivre : «Je ne veux pas d'une France à deux vitesses». Il a ainsi affirmé que la fiscalité sur les carburants allait s'adapter aux fluctuations des prix. Il a affirmé comprendre ceux qui, face à la transition écologique, tenaient le discours suivant : «Ils évoquent la fin du monde, mais nous, on parle de la fin du mois». Emmanuel Macron s'est montré catégorique sur ses orientations politiques : «La stratégie du gouvernement est la bonne», a-t-il affirmé, alors qu'il évoquait la baisse des cotisations sociales salariales grâce à laquelle «tous les travailleurs gagnent plus», ou encore la baisse de la taxe d'habitation. «Mais ça ne va pas assez vite», a-t-il déploré. En amont du discours du président de la République, l'Elysée avait, entre autres, annoncé que le président de la République souhaitait rendre «acceptable et démocratique» pour les citoyens, un nouveau cap pour la transition écologique. Hier, après le discours du président, la contestation continuait dans nombre de régions françaises. Après un week-end de mobilisation et de blocages à Paris et en région, les gilets jaunes poursuivent leur mobilisation cette semaine dans plusieurs régions. Le ministre de l'Ecologie, François de Rugy, doit recevoir aujourd'hui dans l'après-midi, des représentants des manifestants à la demande d'Emmanuel Macron. Dans la matinée pourtant, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, affirmait que l'exécutif ne comptait pas recevoir, en l'état, cette délégation. Le discours du président français a été dénoncé par l'opposition. Le Sénat contre la revalorisation des taxes sur les carburants Le Sénat a voté le gel des taxes sur les carburants, dans le cadre de l'examen du projet de budget 2019. En plein mouvement des Gilets jaunes, les sénateurs ont approuvé un amendement de la commission des Finances, qui revient à geler les tarifs à compter du 1er janvier 2019, soit à supprimer la nouvelle hausse en 2019 de 3 centimes sur l'essence et 6 centimes sur le gazole, et au total, pour 2022, de 10 centimes sur l'essence et 19 centimes sur le gazole. C'est l'amendement de la sagesse et de l'apaisement dans ce pays. L'amendement voté – 26 avaient été déposés sur la question de cette taxe – est simple, lisible, selon le rapporteur général Albéric de Montgolfier, issu des rangs des Républicains (LR). «C'est l'amendement de la sagesse et de l'apaisement dans ce pays», a renchéri le sénateur LR Jérôme Bascher. La gauche aurait souhaité majoritairement aller «beaucoup plus loin». «Une trajectoire abaissée donnerait le temps de mettre en place de vraies mesures d'accompagnement des ménages», a ainsi estimé le sénateur socialiste Roland Courteau. C'est un problème de pouvoir d'achat. «Le mouvement des Gilets jaunes n'est pas un mouvement de contestation de la transition écologique, nécessaire au pays. C'est un problème de pouvoir d'achat», a pour sa part affirmé Marie-Noëlle Lienneman, membre du groupe parlementaire communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE). Les sénateurs ont ensuite longuement débattu de l'opportunité de supprimer ou non l'article mettant fin au tarif réduit de la taxe sur le gazole non routier (à l'exception des secteurs agricoles et ferroviaires). Ils se sont finalement rangés à l'avis du rapporteur, votant un amendement qui prévoit un mécanisme de remboursement par l'Etat pour les PME. «Dans la plupart des cas, il n'y a pas d'alternative à l'utilisation du gazole», a souligné Albéric de de Montgolfier, citant les engins utilisés dans le bâtiment comme les tractopelles. Toutefois, cette décision a peu de chance d'être validée à l'Assemblée nationale, dominée par les élus de la majorité présidentielle (LREM) et à qui revient le dernier mot. La grogne a gagné la France contre le prix des carburants, lancée par 28.000 personnes qui ont protesté aux Champs-Elysées. Les Gilets jaunes réagissent 12 des 13 présidents de région, à l'exception de Xavier Bertrand, interpellent le président de la République sur le mouvement des Gilets jaunes, et exigent des «mesures d'urgence», en évoquant «l'expression vivante d'une fracture territoriale et sociale», dans une tribune parue dans l'Opinion ce 27 novembre, en amont du discours très attendu d'Emmanuel Macron. «Ce serait une très grave erreur de caricaturer leur révolte en un mouvement extrémiste manipulé par l'ultra-droite ou l'ultra-gauche», disent les élus qui appellent le gouvernement à «changer de discours, reconnaître la souffrance de nos compatriotes, et pas la nier, prendre des mesures d'urgence et en premier lieu, un moratoire sur la hausse des taxes au 1er janvier». Les présidents de région suggèrent également qu'il faut «prendre le temps de la fiscalité écologique, de la réécrire d'une manière qui soit socialement plus acceptable, plus transparente et mieux ciblée». Et d'ajouter : «Au plan social, les régions en appellent à l'Etat [avec] la mise en place d'un système d'accompagnement des individus les plus modestes et dépourvus de solutions alternatives de mobilité». Le mouvement des Gilets jaunes est l'expression vivante de la fracture territoriale et sociale dans notre pays. Ce texte est signé par des présidents de régions de droite (Valérie Pécresse en Ile-de-France, Renaud Muselier en Paca, Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône Alpes, Jean Rottner dans le Grand Est et Christelle Morançais dans les Pays de la Loire), du centre (Hervé Morin en Normandie), de gauche (François Bonneau dans le Centre-Val-de-Loire, Carole Delga en Occitanie, Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté, Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine ou Loïg Chesnais Girard en Bretagne) ou le président exécutif du Conseil de Corse, Gilles Simeoni. Seul le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand (ex-LR), ne figure pas parmi les signataires. Pour ces élus, «le mouvement des Gilets jaunes est l'expression vivante de la fracture territoriale et sociale dans notre pays. Il exprime la colère de nos concitoyens des territoires péri-urbains et ruraux, contraints de se loger toujours plus loin», disent-ils. Les habitants sont «percutés de plein fouet par les variations des prix des carburants, et stigmatisés en tant qu'automobilistes», relèvent encore les 12 présidents de région, selon qui «les bâtiments représentent 40% de la consommation énergétique». Le 26 novembre, le chef de l'Etat a assuré en Conseil des ministres qu'il n'y aurait «pas de renoncement» mais «pas non plus d'aveuglement», après un week-end marqué par de nombreuses manifestations, dont certaines émaillées de violences, comme par exemple sur les Champs-Elysées à Paris.