Emmanuel Macron s'est entretenu quelques minutes avec le prince saoudien, Mohammed Ben Salman, à Buenos Aires en Argentine, lorsqu'il l'a croisé dans l'espace réservé aux chefs d'Etat. Le président français, qui a dénoncé le meurtre du journaliste opposant Khashoggi, a eu une rencontre informelle avec le prince saoudien, concernant le meurtre du journaliste, Jamal Khashoggi, par les autorités de l'Arabie saoudite, et la situation au Yémen. Divers médias ont relayé sur Twitter, la rencontre de quelques minutes. Des bribes de cet échange, tenu en anglais et couvert par le bruit ambiant et des annonces au haut-parleur des organisateurs du sommet, peuvent être saisies. «Ne vous inquiétez pas», dit Mohammed Ben Salman, qui tente un moment de rassurer son interlocuteur. Ce à quoi le président français répond, le visage fermé : «Mais je m'inquiète. Je suis inquiet. Je vous l'ai dit». «Vous ne m'écoutez jamais», continue M. Macron, cité par le journal Le Monde. «Non, bien sûr, je vous écoute», a alors répondu le prince saoudien, sans que le reste de la conversation soit connu. «Je suis un homme de parole», ajoute finalement Emmanuel Macron, avant que les deux hommes ne s'éloignent de la caméra. Paris a confirmé que le chef de l'Etat avait discuté avec le prince Ben Salman pendant quelques minutes. Il a souhaité une discussion très franche et ferme, a expliqué un conseiller du président. Il s'agissait d'un aparté très bref, et surtout pas d'une rencontre bilatérale, a précisé ce dernier. Sur l'affaire Khashoggi, M. Macron a exprimé la volonté des Européens de la désignation d'experts internationaux à l'enquête en cours. Puis il a évoqué la guerre au Yémen pour faire valoir la nécessité d'une solution politique. Deux messages sur lesquels les dirigeants de l'Union européenne, présents à Buenos Aires, s'étaient coordonnés au préalable, lors d'une réunion en format restreint, vendredi matin. Il s'agit de la première rencontre d'Emmanuel Macron et de son homologue saoudien, depuis l'annonce de la disparition de Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien, à Istanbul. Ce sommet est aussi la première grande sortie du prince héritier, depuis l'assassinat de ce critique du régime, qu'il est soupçonné, voire accusé, d'avoir commandité. Il y a un an, le président français s'était démené pour tirer le prince saoudien de l'impasse dans laquelle ce dernier s'était lui-même précipité. Le prince avait retenu le premier ministre du Liban, également de nationalité saoudienne, Saad Hariri, jugé trop complaisant avec l'Iran et le Hezbollah, pour tenter d'obtenir sa démission. En disant au prince saoudien qu'il ne l'écoute jamais, le président français parlait certainement de l'enlèvement par l'Arabie saoudite du premier ministre libanais, Hariri. Le président français a dénoncé également la guerre au Yémen, lancée par la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite. Une organisation non gouvernementale française a réclamé l'arrêt de la fourniture d'armes par la France à l'Arabie saoudite, et déposé plainte contre le prince. Emmanuel Macron est contre le meurtre du journaliste opposant Khashoggi, et réclame la désignation d'enquêteurs internationaux. Doléance qui ne sera certainement pas acceptée par l'Arabie saoudite.