Lundi à Oran, la centrale syndicale UGTA n'a pas fait dans la demi-mesure ni joué aux devinettes quant au sort de la prochaine élection présidentielle. L'inamovible Sidi Saïd a en effet surpris tout le monde en annonçant que les travailleurs doivent baliser le chemin à un 5ème mandat du président Bouteflika. En appelant les travailleurs à «constituer un mur solide qui permet la stabilité sociale et une paix permanente», Sidi Saïd est plus clair que la classe politique en ces moments troubles et indécis quant à la tenue de l'échéance électorale d'avril 2019. Pour les travailleurs, il leur rappellera que « nous avons en 2019 un rôle fort, fraternel, républicain et nationaliste», avant de lâcher que «le candidat Bouteflika doit passer». Depuis la polémique et les urticaires politiques nées il y a un peu plus d'un mois quant à un éventuel report de la présidentielle, le leader de la centrale syndicale, qui a toujours soutenu Bouteflika, vient ainsi briser le mur du silence et clarifier la donne sur cette présidentielle, alors que du côté des partis de la majorité et hormis la proposition de TAJ, c'est absolument une omerta à plusieurs lectures. En insistant sur le candidat Bouteflika, qui doit être soutenu par les travailleurs, le leader syndical passe ainsi un message concret à la classe politique, celui du maintien des objectifs du pouvoir, à savoir que la présidentielle se tiendra et que le candidat de «la continuité» est toujours le président Bouteflika. Sidi Saïd aura-t-il été mandaté pour annoncer officieusement que non seulement l'élection présidentielle est toujours au menu de l'agenda politique du pays, mais que le candidat de la «continuité» ne sera autre que le chef de l'Etat, dans une sorte de démenti à tout ce qui a été dit ici et là quant à un report de cette échéance électorale ? Mieux, le SG de l'UGTA, connu pour être proche des centres de décision, des partis de la majorité et des milieux patronaux, ne peut s'aventurer à faire des annonces importantes comme celle où il appelle les travailleurs à s'attendre à «une grande surprise dès le début de l'année 2019'' sans avoir été d'une part mandaté pour le faire, ensuite au courant du déroulé des évènements à venir. Le mutisme des partis de la majorité, après le conclave de la semaine dernière à la résidence d'Etat de Zeralda, est inhabituel, d'autant que la classe politique estime qu'ils ont assurément discuté des options quant à la tenue et la nature de son déroulement, de l'élection présidentielle et le candidat potentiel. Plusieurs scénarios auront été discutés, mais le seul possible reste celui du respect de l'agenda électoral, ce qui, fatalement, sera annoncé effectivement début janvier, à commencer par la convocation du corps électoral. Comme une sorte de fin d'un pesant suspense politique qui aura inquiété l'opposition comme l'opinion publique, même si, pour le moment, et en l'absence d'informations officielles, rien n'est encore établi, ni acquis. La faute incombe au pouvoir et aux partis de la majorité qui ont entretenu non seulement une situation kafkaïenne sur cette élection présidentielle, mais «dégagé» deux pions devenus inutiles de la majorité, le bouillant et fantasque SG du FLN et le président de l'APN. L'arrivée mouvementée d'un Mouad Bouchareb aux commandes du FLN est apparue comme une nouvelle carte politique du parti, moins exaspérant et plus réconciliateur qu'il ne l'était avec un Ould Abbès à sa tête. La réconciliation entre cadres du FLN et leur ralliement au projet d'un 5ème mandat sont importants, d'autant qu'ils contribuent à rassurer sur une cohésion retrouvée au sein du plus vieux parti algérien qui s'est déjà donné comme candidat à la présidentielle de 2019 Abdelaziz Bouteflika.