Les experts internationaux et les Etats-Unis se sont félicités lundi de la coopération du gouvernement syrien au lendemain du début de la destruction d'armes chimiques. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon devrait adresser lundi un rapport au Conseil de sécurité, détaillant la logistique de ce qui est considéré comme la plus importante et la plus dangereuse opération du genre, compte tenu du conflit en cours en Syrie. Au début dimanche du démantèlement des armes prohibées après plusieurs jours de vérification, les experts ont supervisé la destruction par des personnels syriens des premières têtes de missiles, de bombes et d'équipements visant à fabriquer des armes chimiques. La mission conjointe de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l'ONU intervient en application d'une résolution de l'ONU votée après une attaque chimique particulièrement meurtrière le 21 août près de Damas après laquelle Washington avait menacé le pays d'une frappe militaire. Ces experts ont pour mission de détruire un arsenal estimé à mille tonnes, dont des centaines de gaz moutarde ou encore de gaz sarin, réparties dans des dizaines de sites, le tout dans un pays en guerre, une première pour une mission de désarmement chimique. Un temps record Les deux équipes d'experts, arrivés le 1er octobre en Syrie, s'emploient aussi à "surveiller, vérifier et rapporter" la concordance des informations fournies par le gouvernement syrien avec la situation réelle de son arsenal chimique, selon l'ONU. Dans un communiqué publié sur le site de l'organisation à La Haye, l'OIAC s'est félicitée de la "coopération" des autorités syriennes dans le démantèlement de l'arsenal chimique. Les experts ont eu des discussions "constructives" avec le pouvoir sur la liste des sites d'armes chimiques remise à l'OIAC. Cette première opération de destruction de l'arsenal chimique syrien a été saluée dimanche par le secrétaire d'Etat américain John Kerry. "Le processus a démarré en un temps record et nous en sommes reconnaissants à la Russie, pour sa coopération, mais bien entendu aussi envers la Syrie, pour son consentement", a-t-il dit après un entretien avec son homologue russe Sergueï Lavrov sur l'île indonésienne de Bali. "Je pense qu'il est extrêmement significatif que hier, dimanche, une semaine après l'adoption de la résolution (de l'ONU), des armes chimiques ont été détruites. Je pense que c'est à mettre au crédit du régime de Damas, franchement", a-t-il ajouté. Le président Bachar al-Assad s'est engagé à faciliter le travail des experts, après le vote le 27 septembre de la résolution 2118, la première votée par le Conseil de sécurité sur le conflit syrien grâce à un accord russo-américain prévoyant le désarmement chimique du pays d'ici mi-2014. Cet accord avait éloigné la menace des frappes américaines contre le pays, après l'attaque du 21 août qui a fait des centaines de morts et qui a été attribuée aux forces syriennes par l'Occident et l'opposition. Le gouvernement a démenti toute implication accusant en retour les rebelles. "Les experts pourront se rendre sur tous les sites. Ils récupéreront toutes nos données, les vérifieront, et ensuite ils pourront juger de notre crédibilité", a dit M. Assad au Der Spiegel. Conférence de paix Alors que sur le terrain les protagonistes sont déterminés à se battre jusqu'au bout et que les efforts pour les réunir ont échoué jusque-là, la communauté internationale tente de réunir une conférence de paix pour mettre fin au conflit. La guerre, déclenchée en mars 2011 par une contestation pacifique qui s'est ensuite militarisée face à la répression, a fait plus de 115.000 morts selon une ONG syrienne et poussé à la fuite des millions de personnes. M. Lavrov, dont le pays soutient le gouvernement syrien, a déclaré à Bali que la Russie et les Etats-Unis souhaitaient convoquer à la mi-novembre la conférence de paix, dite Genève 2. "Nous nous sommes mis d'accord sur des mesures à prendre pour que le gouvernement et l'opposition (syriens) participent à cette conférence", a-t-il poursuivi. M. Kerry a indiqué que lui-même et M. Lavrov étaient "d'accord pour dire que la solution n'est pas militaire" en Syrie. Avant eux, Lakhdar Brahimi, l'émissaire international pour la Syrie, avait dit espérer réunir la conférence "au cours de la deuxième moitié de novembre", mais sans montrer trop d'optimisme. Le gouvernement exclut que cette conférence puisse aboutir à un départ de M. Assad, alors que l'opposition exige qu'il soit écarté de toute transition politique.