Le premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a subi un sérieux revers mercredi 13 février, après que son budget ait été rejeté par les députés. Des amendements destinés à bloquer le budget ont été présentés, notamment par le Parti populaire (PP, droite), les libéraux de Ciudadanos et les deux partis indépendantistes catalans, et ont reçu une majorité de 191 députés sur 350. Ce qui a pour effet de condamner le texte, avant même qu'il puisse être voté. Ce vote défavorable pourrait désormais contraindre M. Sanchez à convoquer des élections anticipées. Il annoncera sa décision vendredi, après un conseil des ministres. A la tête d'un gouvernement ultra-minoritaire, avec seulement 84 députés socialistes, Pedro Sanchez avait promis, à son arrivée au pouvoir, de convoquer rapidement des élections avant de changer d'avis, et de décider de présenter un budget pour tenter de se maintenir au pouvoir jusqu'à la fin de la législature, en 2020. Cette défaite des socialistes sur le budget intervient au lendemain de l'ouverture, à Madrid, du procès historique de douze dirigeants indépendantistes catalans, impliqués dans la tentative d'indépendance de la Catalogne de 2017. Un procès qui a tendu les relations entre le gouvernement et les indépendantistes catalans, dont les 17 députés qui ont permis à M. Sanchez de devenir premier ministre en juin, en soutenant une motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy, lui étaient indispensables pour disposer d'une majorité au Parlement. Leurs discussions ont été rompues vendredi, les indépendantistes continuant à réclamer un référendum d'autodétermination pour la Catalogne, qui est une «ligne rouge» pour le gouvernement socialiste. «Si le Parti socialiste maintient sa position, nous voterons en faveur des amendements», avait ainsi menacé, mardi soir, le président catalan, Quim Torra. Ces derniers jours, M. Sanchez avait accusé la droite et les indépendantistes de s'allier contre lui. «Les [partis de] droite et les indépendantistes vont voter contre ce budget social. Ils veulent la même chose : une Catalogne vivant dans la confrontation, et une Espagne vivant dans la confrontation (…). Ils ont peur du dialogue», avait-il attaqué mardi.