Des islamistes libyens ont appelé mardi à mener des représailles contre les Etats-Unis, dont des enlèvements de ressortissants américains, après la capture d'Abou Anas al Liby, un responsable présumé d'Al Qaïda. De son vrai nom Nazih al Ragye, Abou Anas al Liby a été capturé samedi à Tripoli par un commando des forces spéciales américaines puis emmené à bord du San Antonio, un bâtiment de guerre qui croisait en Méditerranée, disent les autorités américaines. Il était recherché par le FBI pour son rôle présumé dans les attentats de 1998 contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie, qui avaient fait 224 morts. Depuis l'annonce de sa capture, le réseau de surveillance des activités terroristes SITE a repéré sur des sites islamistes plusieurs messages postés par des djihadistes libyens pour crier vengeance, dont l'un sur une page Facebook intitulée "Benghazi est protégée par son peuple". Le message appelle les Libyens à bloquer les accès à Tripoli et à enlever des ressortissants des Etats-Unis et de leurs alliés pour les utiliser comme monnaie d'échange contre des militants islamistes emprisonnés. Il leur demande aussi de prendre pour cible les gazoducs qui servent aux exportations de gaz naturel vers l'Europe, ainsi que des bateaux et des avions. "La Libye reste aujourd'hui un pays de mécréants dirigé par d'autres lois que celles d'Allah ; il n'y aura donc pas de sécurité pour les mécréants (en Libye)", dit le message. "CHÂTIER LES TRAÎTRES" Un autre groupe djihadiste, qui se fait appeler "Les révolutionnaires de Benghazi - al Baïda, Derna" accuse le gouvernement libyen d'avoir été au courant de l'opération américaine et promet sur les réseaux sociaux de châtier "tous ceux qui ont trahi leur pays et ont participé à cette conspiration". Abou Anas al Liby est interrogé par le High Value Detainee Interrogation Group, une unité créée en 2009 pour interroger des suspects de terrorisme afin de déjouer de futurs attentats, dit-on de source autorisée à Washington. Il a été inculpé en 2000 avec 20 autres responsables présumés d'Al Qaïda, dont Oussama ben Laden et l'actuel chef du réseau islamiste, Ayman al Zaouahri. Son inculpation a été enregistrée à New York, ce qui pourrait rendre possible la tenue d'un procès civil et non militaire. L'administration américaine n'a rien dit à ce sujet. La Libye a condamné cet "enlèvement" sur son territoire mais la Maison blanche a défendu cette initiative prise dans le cadre du programme de "rendition". Cette pratique consiste à capturer un suspect dans un pays étranger en ignorant les procédures d'extradition. Mise en œuvre par l'ancien président George W. Bush, elle a été vivement critiquée au niveau international mais Barack Obama a continué d'y recourir, quoique de manière plus sélective. "Il appartient clairement à Al Qaïda et il est clairement recherché pour des charges précises", a dit Jay Carney, porte-parole de la Maison blanche. "Quand nous en avons la possibilité, nous préférons capturer quelqu'un comme M. Al Liby."