Le président centrafricain François Bozizé a quitté dimanche la capitale Bangui livrée à des scènes de pillages et à l'anarchie au terme d'un assaut éclair de la coalition rebelle du "Séléka" qui a pris le contrôle de la ville. Le chef d'Etat centrafricain "introuvable" après la chute du palais présidentiel, se serait rendu en République démocratique du Congo (RDC) après la prise de Bangui par la coalition rebelle du "Séléka". "Nous avons pris le Palais présidentiel. (le président) Bozizé ne s'y trouvait pas, il serait en fuite", a déclaré un des chefs militaires de la rébellion, le colonel Djouma Narkoyo. Le gouvernement congolais assure toutefois que le président Bozizé ne se trouve pas en RDC, son porte-parole Lambert Mende affirmant : "le président Bozizé n'a pas demandé à venir dans notre pays, il n'y est pas arrivé". Un membre de la Mission de l'ONU pour la Stabilisation au Congo (MONUSCO) a qualifié de rumeur l'information faisant état de "la fuite du président centrafricain en RDC". Par ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a confirmé le départ du président Bozizé de Bangui, sans indiquer sa destination. "Alors que se confirme le départ de Bangui du président Bozizé, j'appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue", a déclaré M. Fabius dans un communiqué à Paris. Scénes de pillages à Bangui sous contrôle des rebelles La capitale centrafricaine, tombée au terme d'une offensive éclair lancée par les rebelles pour renverser le président Bozizé, qu'ils accusent de ne pas respecter les accords de paix signés le 11 janvier dernier, est livrée à des scènes de pillages, affirment les médias. Selon des témoignages recueillis de divers endroits de la capitale, la population de Bangui, des rebelles et des hommes armés (brigands et membres des forces de l'ordre en civil), se livrent à des pillages de magasins, de maisons particulières et de voitures. Après avoir repris les hostilités vendredi dernier en s'emparant de la ville de Damara, située à 75km de la capitale, les rebelles du Séléka ont annoncé samedi soir leur entrée dans Bangui, demandant aux Forces armées centrafricaines (Faca) de ne pas combattre et au président Bozizé de quitter le pouvoir. La rébellion, qui avait pris les armes mi-décembre dernier contre le gouvernement du président Bozizé et menacé la capitale Bangui, a signé un accord de paix le 11 janvier à Libreville et accepté de participer à un gouvernement d'union nationale. Le Séléka, qui n'a cessé depuis lors de demander le respect de ces accords, avait accordé dimanche 72 heures au pouvoir pour les honorer. Les rebelles réclament la libération de prisonniers politiques, le départ des troupes sud-africaines et ougandaises dans le pays et l'intégration des membres du Séléka dans l'armée. En dépit de deux décrets présidentiels portant sur les revendications du Séléka, et la libération de tous les prisonniers politiques et de guerre mentionnés dans les accords de Libreville, la rébellion a lancé son assaut sur Bangui jugeant "insuffisants" les décisions du président.