Lors d'une conférence organisée hier, au petit théâtre de la maison de la culture Mouloud Mammeri, dans le cadre de la 17e édition du Film culturel national annuel du Film Amazigh (FCNAFA), le réalisateur Ali Mouzaoui, a axé son intervention sur le fondement du cinéma amazigh. Lors d'une conférence organisée hier, au petit théâtre de la maison de la culture Mouloud Mammeri, dans le cadre de la 17e édition du Film culturel national annuel du Film Amazigh (FCNAFA), le réalisateur Ali Mouzaoui, a affirmé que la notion de la langue dans le scénario d'un film se place en troisième position, en termes de particularités dans le cinéma algérien en général et amazigh en particulier, puisque le combat identitaire légitime a été mené et a abouti à l'officialisation de tamazight, langue nationale et officielle. Le fondement du cinéma amazigh est lié à la particularité culturelle, au fond poétique, oral et littéraire de la région, qui peuvent assurer son développement et sa promotion, a affirmé Ali Mouzaoui. «Les critères cités ci-dessus jouent un rôle important, et constituent un patrimoine pour servir le cinéma amazigh», remarque Mouzaoui, tout en indiquant qu'il est «impérativement essentiel à ce qu'à chaque fois que nous sommes appelés à produire un film, il faut avoir des informations sur lesquelles nous nous basons sur nos coutumes culturelles, ethniques ou sociétales, pour faire la particularité du cinéma amazigh». Formation des scénaristes Dans le même ordre d'idée, il a affirmé que le «fond poétique et ethnique apporte au cinéma plusieurs informations sur la formalité et les particularités du cinéma». Le conférencier a mis l'accent sur le fait que les scénaristes veillent rigoureusement sur les techniques d'écriture d'un texte cinématographique, mais aussi sur le type de musique qui convient avec le contexte du film. «Le cinéma est le décor qui convient selon le contexte du texte littéraire choisi pour adaptation cinématographique», a-t-il dit lors de sa conférence-débat organisée dans le cadre de la célébration du 17e festival du Film Amazigh (FCNAFA), qui prendra fin demain. A propos de la qualité des films cinématographiques algériens en général, ou bien ceux d'expression amazighe en particulier, Ali Mouzaoui a indiqué que l'absence d'écoles spécialisées dans la formation des scénaristes en Algérie a des conséquences directes et néfastes sur la qualité des films qui ne cessent de se dégrader. «Aujourd'hui, les films sont produits dans la forme artisanale ou de militantisme, et lorsqu'on fait ce genre de travail, on ne fait pas du cinéma», a-t-il tranché, avant de mettre en cause la qualité du discours des films qui sont pauvres et qui décrédibilisent le contexte du film. A cet effet, il a interpellé les pouvoirs publics concernés de prendre en charge le cinéma d'une manière réelle et concrète, pour assurer sa promotion et son développement au sein de la société algérienne, qui est totalement désintéressée du 7e art. «Je suis contre le salariat dans le métier du cinéma, mais il faut qu'il y ait une reconnaissance de l'effort consenti par les personnes qui travaillent pour le cinéma algérien, et qu'elles puissent vivre aisément de ce métier», a-t-il défendu. Mouzaoui a précisé que ce n'est pas seulement les talents du cinéma qui peuvent garantir la réussite d'un film cinématographique, mais les amateurs cinéastes peuvent être une école, une fois qu'il y aurait une régularité de production. La fuite du public «Il faut que ces amateurs travaillent d'une manière régulière et sans interruption, puisque la formation est une chose continue», remarque-t-il encore, et d'ajouter que «la lecture est indispensable pour le développement de l'imaginaire cinématographique». «Le drame du cinéma algérien, c'est qu'il n'y a pas d'élite dans ce métier. Cet état des lieux a provoqué la fuite du public des salles de cinéma, dont le nombre est compté sur le bout des doigts à l'échelle nationale», dira Mouzaoui, en affirmant aussi qu'«il n'existe pas de régularité du suivi du métier du cinéma. C'est pour cela que le cinéma reste le maillon faible en Algérie. Nous avons perdu 465 salles de cinéma. Il n' ya pas plus d'espace de débats et les cités sont mortes». Il n'a également pas caché son inquiétude quant à l'avenir culturel et cinématographique en Algérie, qui est en phase d'appauvrissement de ses cultures.