Les appels au droit à l'autodétermination du Sahara Occidental occupé ont été de plus en plus nombreux tout au long des auditions des pétitionnaires par la Commission de l'ONU de décolonisation à New York. Poursuivant leur débat consacré à la question sahraouie au siège de l'ONU, un grand nombre de pétitionnaires, qui représentent pour la plupart des ONG internationales et la société civile de plusieurs pays, sont revenus jeudi sur l'urgence d'une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental. C'est ainsi que le représentant de Western Sahara Human Rights Watch, Kirby Gookin, a déclaré que les Nations unies avaient la responsabilité de mener à terme le processus de décolonisation du Sahara Occidental entamé lors du retrait de l'Espagne en 1975. Il a soutenu que la question sahraouie relevait clairement d'un conflit de décolonisation qui nécessite un référendum d'autodétermination tel que l'a affirmé la Cour internationale de Justice et les nombreuses résolutions pertinentes des Nations unies. Le référendum d'autodétermination est un droit de l'homme fondamental M.Gookin a, en outre, estimé que si le droit à l'autodétermination avait été assuré, il n'y aurait plus de détentions, de cas de torture ni d'enlèvements de défenseurs sahraouis des droits de l'homme tels que pratiqués par le Maroc. L'Assemblée générale a la possibilité de ''rectifier'' la stratégie de Nations unies, a-t-il estimé, avant d'appeler le Maroc à tenir immédiatement un référendum libre sur l'autodétermination, assuré par des observateurs internationaux. Il a également exhorté le Maroc à libérer les prisonniers politiques sahraouis et de démanteler le mur bâti au Sahara Occidental, comme il a exigé que des enquêtes soient menées sur les fosses communes découvertes récemment et où avaient été enterrés des Sahraouis victimes d'exécutions. Présente à ce débat, la représentante de Stategic Conflict Group, Alexandra Kapitanskaya, a réfuté énergiquement les allégations sur l'impossibilité d'un Etat sahraoui indépendant ou celles qui prétendent que les camps des réfugiés seraient devenus des terrains de corruption, de crimes et d'extrémisme. Pour elle, cette rhétorique sert une seule cause qui est de ''détourner l'attention'' de la Commission onusienne de décolonisation de la véritable question qui est le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. ''Le rôle de la Commission de décolonisation n'est pas de juger la force des instances gouvernantes ni d'établir si un territoire a suffisamment de ressources pour assurer son développement économique'', a-t-elle plaidé. Le référendum d'autodétermination que les Nations unies ont promis au peuple sahraoui est un ''droit de l'homme fondamental'' et doit, selon elle, porter sur trois options qui sont l'indépendance, l'autonomie ou l'intégration. Rappelant que le Maroc insiste pour que l'indépendance ne figure pas parmi ces options, elle s'est indignée de cette violation du principe même de la décolonisation. De son côté, la présidente de la fondation américaine Defense Forum, Suzanne Scholte, a regretté que l'ONU n'ait toujours pas parvenu à organiser le référendum sur l'autodétermination qu'elle avait, pourtant, promis au peuple sahraoui. Selon elle, cela a conduit à la poursuite des abus des droits de l'homme contre les populations sahraouies sous occupation marocaine. Elle a également fait état de fosses communes où des Sahraouis victimes d'exécutions extrajudiciaires ont été enterrés par les forces d'occupation marocaines. Condamnation unanime de l'exploitation des ressources naturelles du Sahara Occidental Pour sa part, le représentant de Western Sahara Resource Watch, Charles Liebling, a abordé la question de l'exploitation continue des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc, citant principalement le phosphate, la pêche, les produits agricoles et d'autres minerais, ainsi que de sable qui est exporté vers les îles Canaries. A ce stade, il n'y a pas d'exploitation pétrolière offshore, a déclaré le pétitionnaire, qui s'est toutefois montré inquiet du fait des activités d'exploration dans ce domaine par le groupe français Total. Précisant que le peuple sahraoui n'avait pas donné son consentement à l'exploitation de ces ressources naturelles, il a demandé à la Commission de décolonisation de se saisir de cette question et de la porter à l'attention de l'Assemblée générale de l'ONU afin d'obtenir un avis consultatif de la Cour internationale de Justice. Devant la commission de décolonisation, la responsable de l'organisation américaine United States Citizens for Western Sahara, Robin Kahn, a également dénoncé l'absence d'une composante ''droits de l'homme'' dans le mandat de la Minurso, seule mission des Nations unies à ne pas être autorisée à surveiller la situation des droits de l'homme.