Depuis le début des manifestations populaires contre le cinquième mandat, plusieurs défections dans les rangs des partis au pouvoir et des organisations de masse et patronales qui soutiennent cette option ont été enregistrées. Plusieurs sections syndicales affiliées à l'UGTA se sont retirées alors que d'autres se sont démarquées des positions de la direction conduite par Abdelmadjid Sidi Said. Les organisations de masse comme l'Organisation des enfants de moudjahidine et les zaouias ont également étaient touchées, et l'organisation des zaouias a fini par appeler Bouteflika à surseoir à sa candidature pour un cinquième mandat. Mais les défections ont touché beaucoup plus le FLN. Des slogans contre le parti majoritaire ont été lancés partout par les manifestants. Des élus du parti, des maires et P/APW, comme celui de Constantine, ont même participé aux manifestations contre le cinquième mandat. Un ancien ministre et député d'Alger a jeté l'éponge et du FLN et de l'APN. Il s'agit de Sid Ahmed Ferroukhi. Abdelkrim Abada a démissionné de l'instance dirigeante juste après sa désignation, en exprimant son opposition au cinquième mandat. Mais au sein de l'instance dirigeante du FLN, on semble ne pas accorder beaucoup d'importance à ces défections. Abderrahmane Belayat, qui a rejoint récemment l'instance dirigeante coordonnée par Moad Bouchareb, souligne d'abord que le FLN ne peut pas imposer la candidature de Bouteflika, tout en prenant acte du rejet populaire du projet. «Le FLN n'a rien d'hostile par rapport aux manifestations», a-t-il précisé, ajoutant que «seul le Conseil constitutionnel est habilité à trancher la validité ou non du dossier de candidature». Quant aux défections, M. Belayat, contacté par nos soins, a affirmé que ces positions appartiennent à leurs auteurs et qu'il n'a pas à les juger. «La liberté de parole et de prise de position est garantie au sein des instances du parti», a-t-il dit. Or, le parti majoritaire n'a plus d'instances. Ni bureau politique, ni comité central, ni mouhafadhas. Toutes les structures sont dissoutes. Dans sa lettre de démission de l'Instance dirigeante, Abdelkrim Abada, meneur du mouvement de redressement, a annoncé son soutien au mouvement populaire contre le cinquième mandat. «Le moudjahid et militant Abdelkrim Abada, coordinateur du mouvement de redressement du FLN, annonce son retrait avec effet immédiat et sans condition de ce qui est appelé la direction élargie de l'instance de gestion du parti», a-t-il indiqué dans une déclaration publique. Il dit refuser «l'exploitation de son nom et de son parcours militant dans toute manœuvre politicienne ou partisane de quelque partie que ce soit, notamment dans ce virage historique et décisif pour l'Algérie». «Le militant et dirigeant Abdelkrim Abada réaffirme qu'il est, à instar de tous les membres du mouvement de redressement, ancré dans les rangs du peuple algérien dans son soulèvement civilisé et honorable», a-t-il affirmé. L'autre défection lourde au FLN est celle de Sid Ahmed Ferroukhi, ancien ministre et désormais ex-député. Dans une longue déclaration, il a souligné qu'«alors que nous vivons depuis ces derniers jours des moments exceptionnels dans notre pays, notre devoir est d'entendre, d'écouter et de nous imprégner d'une grande sagesse pour accompagner ce mouvement social important pour l'avenir de notre pays. «J'ai toujours pensé que l'exemple et l'exemplarité sont des vertus indispensables pour construire de nouveaux possibles en phase avec l'aspiration de nos concitoyens», a-t-il expliqué, avant d'annoncer sa décision, à savoir quitter le FLN et l'APN. Toutes ces défections isolent de plus en plus les partisans du cinquième mandat qui ne trouvent plus d'arguments pour justifier une telle option. Les partis de la majorité observent toujours le silence sur la dynamique historique qui s'est emparée du pays tout entier.