Il y a cinq ans, le 13 mars 2014, on annonçait le décès de Cherifa, l'une des plus grandes dames de la chanson kabyle. La chanteuse qui a souffert tout au long de sa vie, a laissé un riche répertoire. La grande dame de la chanson kabyle Cherifa est partie il y a cinq ans pour laisser un riche répertoire. La chanteuse, de son vrai nom Ouardia Bouchemlal, qui n' avait que sa voix pour relater ses souffrances n'a jamais connu de répit jusqu'à son dernier souffle. Décédée après une longue maladie à l'hôpital Lamine Debaghine à Bab El-Oued, Cherifa a consacré sa vie à la chanson à travers laquelle elle racontait ses souffrances et celles des femmes de son époque. A travers sa belle voix et ses Achwiq que seules les femmes du Djurdjura ont le secret, elle a pu conserver une bonne partie du patrimoine artistique algérien. Pour Cherifa, la longue et dure aventure a débuté dès son enfance. N'ayant jamais fréquenté l'école, elle quitte son village natal à Bordj Bou Arréridj à l'âge de 18 ans pour passer quelque temps à Akbou tout près de Béjaïa avant de s'installer définitivement à Alger où elle passera le restant de sa vie en chantant, mais en continuant à souffrir en silence. Bien qu'elle n'ait passé qu'un court séjour à Akbou, la chanteuse savait qu'elle n'y reviendrait peut être plus puisqu'elle aurait écrit sa célèbre chanson Abka Wala Khir aya Akbou dans le train qui la ramenait vers la capitale. La voix pour s'exprimer Cette femme qui souffrait était décidée à continuer à user de ses capacités vocales pour s'exprimer mais aussi à donner de la joie autour d'elle et à toute l'Algérie. Il faut dire que grâce à sa voix douce et ses dons artistiques, Cherifa est écoutée, à ce jour, non seulement par les Berbérophones mais aussi par ceux qui ne comprennent pas le kabyle. Quand on entend Cherifa ou quand on la voit dans les rares enregistrements télévisés, on ne peut qu'admirer cette artiste qui avait le don de plaire. La chanteuse qui se fera connaître des le début des années 1940 à travers des chansons tels que Aya Zerzour et Bqa âla Khir aya Akbou ne trouvera pas de difficultés pour faire partie de l'orchestre féminin kabyle dès l'inauguration de la radio en 1946. Cherifa fera vite partie de ces grandes chanteuses telles que Hnifa et Llla Yamina qui aurait enregistré le premier disque en kabyle. Dès ses premiers passages à la radio, Cherifa confirmera sa notoriété et elle impose le respect de tous les amateurs de la chanson kabyle mais aussi de ses pairs. Bien qu'elle ait eu un grand succès tout au long de sa carrière, Cherifa n'a jamais oublié l'enfance qu'elle a vécue dans son village à Beni Ouertilane, et ne s'est jamais démarquée de la culture musicale de ses parents bien au contraire, elle l'a mise en avant et les âchwiq sont en grande partie restés à l'éternité grâce à elle. La grande chanteuse a beaucoup fait pour conserver la chanson du patrimoine. D'ailleurs, elle a enregistré Aya Zwaw bien avant le chanteur Idir qui, a tout de même fait un bon arrangement moderne. Souffrance Cherifa qui a vécu dans la misère et dans des difficultés sociales intenables a su affirmer son talent et marquer son époque par plusieurs succès comme les Achewiq et d'autres mélodies qui demeurent une référence irremplaçable pour l'animation des fêtes en Kabylie. Abka Wala Khir aya Akbou, Aya Zerzour et Sniwa difendjalen sont, entre autres, les textes plans de cette chanteuse qui a commencé à composer ses premières mélodies durant les années 1940. Nna (tante) Cherifa comme aiment la nommer ses fans, a souffert en voyant très tôt mourir sa mère. Elle a souffert en assistant au remariage de son père. Elle a souffert en quittant son village. Elle a continué à souffrir tout au long de sa carrière. Elle a souffert de la méchanceté des uns et de la jalousie des autres mais elle n'a jamais pensé se venger. Cherifa n'a offert que du bonheur en chantant. Elle mérite le plus bel hommage.