Des enseignants chercheurs, des professeurs, des docteurs d'Etat et des syndicalistes ont annoncé, hier, le début de consultations en direction de l'élite nationale dans différents domaines, afin de traduire au mieux les aspirations dans une plate-forme objective. Après trois semaines de mouvement populaire pacifique rejetant le cinquième mandat du chef de l'Etat en exercice et pour le changement du système, l'absence d'alternative et d'horizons poussent certains acteurs de la société civile à s'organiser. C'est dans cette optique qu'intervient une première initiative, visant à encadrer le soulèvement populaire pacifique pour à la fois concrétiser ses revendications et lui assurer la meilleure fin possible. Des enseignants chercheurs, des professeurs, des docteurs d'Etat et des syndicalistes ont annoncé, hier, le début de consultations en direction de l'élite nationale dans différents domaines, afin de traduire au mieux les aspirations dans une plate-forme objective. Après une réunion tenue dimanche, les initiateurs de cette démarche «informent l'opinion publique de l'entame de démarches pratiques avec différentes élites nationales pour préparer une plate-forme nationale objective contribuant à traduire les revendications et les aspirations du mouvement populaire», peut-on lire dans un communiqué sanctionnant leur rencontre. Parmi la quinzaine des premiers signataires, on y trouve entre autres les docteurs Farid Benyahia, Mohamed Hennan, Abdelali Rezagui et Soufiane Sakhri, en plus de plusieurs syndicalistes, à l'image de Sadek Dziri, président de l'Unpef, Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, et le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat des médecins généralistes (Snpsp). La réunion de ce groupe d'élites et d'acteurs syndicaux avait pour objectif de «débattre des rebondissements du mouvement populaire et des solutions à même de permettre une sortie de crise et de trouver les mécanismes pour la concrétisation des revendications du peuple algérien sur le terrain». Tout en se félicitant de «la poursuite et de l'élargissement du mouvement pacifique et du professionnalisme avec lequel les forces de sécurité l'ont traité», les signataires ont dénoncé ce qu'ils ont qualifié d'«entêtement» du pouvoir politique en place à répondre aux revendications du mouvement, et «sa détermination à poursuivre dans sa politique de fuite en avant». Les initiateurs n'ont pas omis, sur ce, de revenir sur la décision du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, d'avancer les vacances de printemps au 10 mars au lieu du 21 du même mois, et de renvoyer les étudiants chez eux. Pour eux, il s'agit de «tentatives d'isolement de la famille universitaire du mouvement populaire pacifique», dénoncent-ils. Par ailleurs, le groupe des enseignants, docteurs et acteurs syndicaux ne veut pas que le mouvement sombre dans l'irréparable, à cause d'actes qui briseraient son caractère pacifique. Raison pour laquelle il «met en garde contre les dérives et dérapages qui visent à étouffer le caractère pacifique et les revendications du mouvement qui mènent droit vers le pourrissement». «On n'a pas la prétention de parler au nom du peuple» En tout état de cause, la réussite du mouvement populaire déclenché le 22 février ne pouvait pas continuer sans boussole. Certes, ses revendications rejetant un cinquième mandat de Bouteflika et de changement de système sont claires. Mais force est de constater que même avec la satisfaction de ses points, aucun n'est à même d'imaginer la suite. Au risque d'être affaibli ou mené vers l'irréparable, il était temps de réfléchir à l'avenir. C'est ce qu'affirme le Dr Lyès Merabet, un des initiateurs de la démarche. «On s'est dit qu'il est temps de se manifester auprès de l'opinion. Certes, on a peur des réactions et des lectures, mais il faut aller de l'avant, surtout que sur le terrain, on commence à constater des appels à certaines actions qui mèneraient au dérapage». Joint par nos soins, notre interlocuteur explique que les membres de ce groupe se sont engagés, indépendamment de leur qualité, dans leurs structures respectives, et affirme qu'ils n'ont pas la moindre intention de parler au nom du peuple. «On n'a pas la prétention de vouloir s'imposer, ni de récupérer, mais nous nous mobilisons en tant qu'experts, élite et cadres, chacun dans son domaine, pour participer et traduire fidèlement les revendications du peuple, voire concevoir les moyens de les concrétiser, car un slogan veut parfois dire beaucoup de choses», a-t-il dit. Des rencontres sont prévues «durant les prochains jours», indique le Dr Merabet, dans l'objectif d'élaborer «une première feuille de route à soumettre au débat».