La protesta ne faiblit toujours pas à Boumerdès, en ce premier vendredi sans Bouteflika. «Le combat ne fait que commencer», lit-on sur une pancarte arborée par un manifestant. «Le peuple a réussi de déboulonner Bouteflika, mais le système demeure. C'est maintenant qu'on doit faire attention, afin qu'ils partent tous et ne passent pas à leurs plans machiavéliques, pour mettre main basse sur la révolution populaire qu'ils veulent détourner par tous les moyens», lance Rabah, un militant associatif venu marcher en compagnie de sa famille. «l'Algérie traverse une période très sensible, où des clans dans les hautes sphères de l'Etat s'entredéchiren,t et d'autres cellules dormante veulent faire peur aux Algériens de retour brutal de l'islamisme», a-t-il enchaîné, avant d'évoquer les cas d'agression à l'encontre de certaines jeunes filles et de militantes féministes à Alger, le vendredi dernier. Et d'ajouter : «aujourd'hui, je suis sorti avec ma petite famille pour démontrer que l'Algérie est une démocratie plurielle, et que l'exclusion n'a pas de place ici. Car, l'exclusion ne fait que profiter au tenants actuels du pouvoir en place.» 14h20 : des groupes de personnes commencent à se rassembler au centre-ville de Boumerdès. Des dizaines d'autres groupes arrivent avec des emblèmes amazighs et nationaux. 14h40, la marche fut entamée à partir de lieudit Madaure, en plein centre-ville de l'ex-rocher noir. La procession humaine a arpenté les rues de l'indépendance, de la maison de la culture et le 11 décembre 1961, scandant des slogans hostiles au gouvernement Bédoui. Des banderoles et pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans réclamant le départ de système entier, de Bédoui, de Belaïz et de Bensalah, ont été arborées par les manifestants, femmes, hommes, jeunes, enfants et âgés. Une dame, la quarantaine d'année s, a écrit sur une pancarte : «M.Bédoui, votre gouvernement est semblable à celui du Carnaval fi dechra, partez». Une dame accompagnée de son fils, a arboré une pancarte sur laquelle on pouvait lire : «Pour un Etat de droit, justice indépendante, presse libre, meilleure éducation et justice sociale». Sur une autre banderole, des manifestants pressent Gaïd Salah d'activer les articles 07 et 08 de la Constitution. Au cours de la marche, les manifestants scandaient : «Echaâb, El Jeïch Khaoua, khaoua, l'armée et le peuple doivent juger la mafia. Sur une pancarte, Saïd Bouteflika et Bensalah, menottés, les manifestants réclament leurs têtes et demandent l'édification d'une République basée sur les principes du 1er novembre 1954». Aucun incident n'a été enregistré durant cette marche, où même des handicapés moteurs y ont pris part, réclamant le départ de la mafia qui a ruiné le pays et a exclu même les couches défavorisées d'une vie digne de ce nom. A l'heure où nous mettons sous presse, les marcheurs continuent d'arpenter les rues de Boumerdès, alors que dans d'autres localités, à l'exemple de Naciria, Bordj Ménaeïl et Isser ainsi que Dellys, plusieurs manifestants ont marché pour la République et contre le système en place.