Deux slogans phares ont été entonnés tout au long de la journée. «Yetnahaw gaa», ou «Ils dégagent tous», et «Ulac smah ulac (pas de pardon»), en réponse à la dernière lettre de Bouteflika. Vendredi 5 avril. Le septième acte de la mobilisation nationale contre le système politique et toutes ses figures, notamment les trois B (Bensalah-Belaiz-Bedoui) a montré un peuple plus que jamais déterminé, à poursuivre son combat jusqu'au changement radical du système. Hier, c'était le premier vendredi après la démission du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Des «crues» humaines se sont déversées de nouveau sur Alger, avec des millions de manifestants qui sont venus de nombreuses wilayas du pays, afin de dire qu'ils restent mobilisés tant que les revendications ne sont pas satisfaites. Deux slogans phares ont été entonnés tout au long de la journée. «Yetnahaw gaa», ou «Ils dégagent tous», et «Ulac smah ulac (pas de pardon»), en réponse à la dernière lettre de Bouteflika. Dès les premières heures de la matinée, des rassemblements ont été constitués sur les principales places de la capitale, notamment la Grande Poste, Audin et 1er Mai, ces trois lieux qui symbolisent désormais les luttes contre le système politique qui a conduit le pays vers la ruine. Au fil des minutes et des heures, Alger s'est avérée trop exiguë pour contenir toutes les foules. Munis de l'emblème national et de l'étendard amazigh flottant côte à côte, les manifestants ont scandé les slogans habituels qui sont lancés depuis le 22 février, premier vendredi de mobilisation nationale pacifique contre le cinquième mandat. Hier, le peuple a réitéré son mot : «Sa Majesté le peuple veut le départ de toute la bande maffieuse», lit-on sur une banderole déployée à la Grande Poste. «Djeich, chaâb, khaoua khaoua», a été aussi réitéré lors des manifestations qui se sont déroulées sous un ciel brumeux et clément. Les manifestants, qui voient une partie des revendications satisfaites avec le départ de Bouteflika avant la fin de son mandat, ne perdent pas de vue que le départ du chef de l'Etat ne constitue pas la fin du système politique. Les «trois B» rejetés Ils exigent un changement radical du système et le départ de toutes ses figures. Un procès a été fait contre tous les partis et organisations qui ont soutenu la candidature de Bouteflika, avant de retourner la veste et saluer la mobilisation populaire et sa démission. Des slogans ont été lancés contre le FLN, le RND, l'UGTA et autres courtisans. Après l'application de l'article 102 de la constitution, consacrée par le départ de Bouteflika, les Algériens veulent désormais appliquer l'article 7 de la loi fondamentale, qui accorde le pouvoir au peuple. «Ils doivent tous dégager», ont lancé à tue-tête les millions de manifestants. Ces derniers refusent que la transition soit menée par les figures du système Bouteflika, plus précisément les personnes désignées par l'ex-Président, ou par les forces non constitutionnelles qui se sont emparées des rênes du pays, dénoncées il y a plusieurs années par les partis de l'opposition, et tout récemment par le RND, qui était le deuxième parti de l'alliance présidentielle, mais aussi par l'ANP, qui a parlé ouvertement d'entités non constitutionnelles. Les manifestants s'opposent donc à ce que le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, remplace Bouteflika à la tête de l'Etat pour organiser l'élection présidentielle. Ils s'opposent aussi au Premier ministre, Noureddine Bedoui, nommé par Bouteflika, et qui était ministre de l'Intérieur lors des dernières élections entachées par la fraude. Ils disent non également au président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, installé par l'ex-Président dans l'objectif de valider le cinquième mandat. Ces trois personnages rejetés massivement par le peuple, sont au centre du dispositif de fraude mis en place par Bouteflika, afin d'assurer son maintien à la tête du pays. Les manifestants exigent en outre, que la justice soit appliquée contre tous ceux qui ont participé à la dilapidation des richesses du pays. «Vous avez construit des prisons, vous allez y séjourner», lançaient les manifestants.