Comme chaque mardi depuis le début de la révolte populaire contre le système, une imposante foule constituée d'étudiants, d'enseignants et de travailleurs de l'Université Abderrahmane-Mira de Béjaïa a réinvesti la rue dans la matinée pour réitérer le mot d'ordre majeur en faveur d'un changement radical dans le pays. L'intronisation du président du Sénat , hier , à la tête de la présidence de l'Etat par intérim après que le peuple eut poussé, ces derniers jours, le Président Bouteflika, qui s'est accaparé du pouvoir depuis 20 ans, à la démission, a exacerbé un peu plus le sentiment de colère de la communauté universitaire de Béjaïa, sortie massivement dans la matinée de ce mardi. En effet , plusieurs milliers d'étudiants, accompagnés par les enseignants et les travailleurs de l'université, ont pris part à la marche entamée du campus universitaire Targa Ouzemour vers la place de la Liberté d'Expression Saïd-Mekbel pour réclamer également le départ des « 3 B », symboles de ce régime politique fortement décrié par l'ensemble des Algériens. Dans une parfaite organisation, les manifestants ont scandé des slogans exigeant le départ du régime politique et de l'ensemble de ses béquilles. «Bensalah, Belaïz , Bedoui , tous berra !», «honte , honte, Bensalah président ! », « A bas la répression, liberté d'expression ! » , « Gaïd Salah dégage ! », etc. ont été autant de slogans scandés tout au long de la marche par les manifestants. Les mêmes manifestants ont également exigé la dissolution des deux Chambres sous les cris «députés,sénateurs berra !». «Le peuple veut la restitution par les actes de ce qui est réclamé clairement haut et fort dans les marches depuis près de deux mois , c'est-à-dire le départ du système incarné aussi par les 3 B. A travers l'intronisation de Abdelkader Bensalah à la présidence de l'Etat et le maintien du gouvernement de Noureddine Bedoui et Tayeb Belaïz à son poste de président du Conseil constitutionnel constitue une réelle confiscation de cette volonté du peuple d'un changement radical du système et d'une véritable transition démocratique à même de permettre à ce peuple d'exercer enfin sa souveraineté», a martelé un enseignant de l'Université de Béjaïa. Une déclaration qui résume le sentiment de colère de la communauté universitaire face à ce qui est qualifié de coup de force contre la volonté du peuple pour le départ de ce système voyoucrate, corrompu et corrupteur et une tentative de faire perdurer ce régime . Il convient de signaler, par ailleurs, que plusieurs centaines de retraités et de travailleurs de l'administration ont également battu le pavé dans la même matinée avec le même mot d'ordre réclamant une vraie rupture radicale avec l'ancien système en place dans le pays depuis l'indépendance . A. Kersani