Après 22 ans de règne sur l'organisation, Abdelmadjid Sidi Saïd annonce qu'il quittera, avant la fin de son mandat, la tête de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Très contesté depuis notamment le début du mouvement populaire du 22 février contre le système, Sidi Saïd veut s'offrir une sortie sans dégâts, au moment où la base veut le chasser immédiatement pour «redresser la voie de l'organisation» qui, au cours des années, est devenue un syndicat-maison entre les mains du pouvoir. «Le mandat actuel prendra fin le 10 janvier 2020; toutefois, nous avons décidé d'avancer la date de l'organisation du 13e congrès de l'UGTA», a déclaré Sidi Saïd, jeudi à Oran, en marge d'une réunion de coordination à huis clos regroupant les membres du comité exécutif national du syndicat. Cité par l'agence APS, il précisera que les participants ont convenu de la création d'une commission nationale de préparation du 13e congrès. Cette commission tiendra sa première séance de travail le 27 avril courant pour mettre les mécanismes et les mesures préparatifs du congrès ainsi que la date exacte de sa tenue, ajoutant au passage : «J'affirme que je ne serai pas candidat pour diriger l'UGTA». Il paraît clair que la décision de Abdelmadjid Sidi Saïd est dictée par la nouvelle conjoncture nationale où le peuple rejette tous les symboles du régime. Soutien indéfectible de l'ex-Président Abdelaziz Bouteflika, il aura eu presque la même fin. Et pour cause, son annonce de quitter prochainement le poste de secrétaire général de l'UGTA ressemble à la volonté de Bouteflika de prolonger son 4e mandat lorsqu'il avait annoncé le report de la présidentielle du 18 avril et l'organisation d'une conférence inclusive dans un délai d'une année. Le peuple a dit non. Dans le cas de Sidi Saïd, les travailleurs et les sections syndicales disent ‘'non'' et veulent précipiter son départ. En effet, immédiatement après l'annonce faite à partir d'Oran, un groupe important de membres du comité exécutif de l'UGTA a réagi, «rejetant l'ensemble des décisions prises à l'issue de cette réunion» et appelant les travailleurs à un rassemblement mercredi 17 avril devant le siège de la Centrale syndicale à Alger. «Les membres du comité exécutif national, légitimement élus, au nombre de 83 issus de 21 wilayas, n'ayant pas participé à cette mascarade, se réservent le droit de porter plainte devant la justice pour l'illégitimité de cette session», pouvait-on lire dans un communiqué portant les cachets des unions de wilayas de Tizi-Ouzou, de Béjaïa, de Tlemcen, de Saïda et de la Fédération des travailleurs de la mécanique, de l'électricité et de l'électronique. Ils affirment que les militants syndicaux, les travailleurs et les travailleuses «sont mobilisés» pour le rassemblement du 17/04/2019 à 9h30 devant le siège de la centrale syndicale «pour demander le départ du secrétariat national et du secrétaire général». Les contestataires disent vouloir «remettre l'UGTA sur la voie authentique tracée par Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda». Bien qu'il ait donc abdiqué sous la pression et décidé de partir, Abdelmadjid Sidi Saïd n'aura pas ce luxe de sortir en douce. Du moins, c'est ce que lui promettent les travailleurs qui ne veulent plus de lui, même pas pour gérer la période qui sépare l'UGTA de son 13e congrès avancé. Va-t-il résister encore face à la pression qui ne cesse d'augmenter, gagnant l'adhésion de la base ? Le rassemblement de ce mercredi nous en dira plus.