La 3G sera disponible avant la fin de l'année. Il arrive une fois tous les 36 du mois, comme dirait l'autre, que des promesses de ministre soient tenues en Algérie. Mais qu'on ne s'emballe pas, c'est une énième promesse. On a d'abord «réfléchi» à son utilité et sa pertinence. Pendant longtemps, ce qui était évident et déjà acquis même au Togo ne l'était pas encore dans l'Algérie éternelle, démocratique et prospère. On avait d'abord accumulé des retards considérables dans la «1G», puis dans la «2G». Puis, on s'est installé dans un débat schizophrénique sur la troisième génération pendant que le monde se lasse de la quatrième et dispose déjà de beaucoup d'options d'une nouvelle ère technologique. Autant dire une cinquième qui ne porte pas encore son nom. Dans notre beau pays, éternel, démocratique et prospère, rien n'est évident, même pas l'évidence. Les choses auraient pu être simples. Les opérateurs sont là, d'autres peuvent arriver. Une décision, et les Algériens goûteront au bonheur d'égaler… la Mauritanie ! On y a pensé mais auparavant, il a fallu réfléchir. On a dû se poser la question, celle que se posent toujours nos gouvernants : les Algériens sont-ils prêts et surtout méritent-ils la 3G ? La même question qu'on s'est posée quand on a lancé le premier réseau de téléphonie mobile public. Vous vous rappelez, les temps bénits où il fallait connaître personnellement le… ministre des télécommunications pour avoir accès à une puce et un abonnement «GSM» ? Et des temps d'après, quand on demandait le plus sérieusement du monde au copain s'il avait un GSM ou un… Djezzy ? La maîtrise des nouvelles technologies et de ses concepts étant consubstantiels à sa disponibilité la plus large, les Algériens considéraient tout bonnement à l'époque les premiers téléphones portables distribués comme des cadeaux de privilégiés. Ils étaient tellement inaccessibles pour l'Algérien lambda qu'on pensait naïvement qu'ils relevaient d'une autre technologie que celle qu'ils pouvaient désormais s'offrir avec autant de facilité, après l'arrivée sur le marché du premier opérateur privé ! Quelque part dans les hautes sphères, on a donc certainement remis ça, en se posant des questions du même acabit. Pouvait-on acquérir la 3G sans la mettre à la disposition de tout le monde ? Comme ce ne devait pas être techniquement possible du fait de la flagrance de la chose, surtout que commercialement ça ne pouvait pas faire l'affaire des opérateurs en activité, on a tergiversé, promis puis reporté, changeant d'échéance et allongeant le suspense, jusqu'au bord du désespoir. Parce qu'entre temps, les technologies se sont démocratisées jusqu'à la banalisation et les Algériens savent de quoi il retourne, même si parfois, ils n'ont même pas pu accéder aux services basiques dans les déjà vieillottes générations. Il paraît que cette fois, c'est bien parti. Rien qu'à voir l'allant et le rayonnement jubilatoire des responsables qui se relaient à «l'annonce» comme s'ils tenaient l'invention du siècle, on devine que ce n'est plus très loin. Nous la tenons, la 3G, cette fois. Ce n'est plus très loin mais il se peut bien qu'il soit trop… tard. Mais qu'à cela ne tienne, nous avons appris depuis longtemps à jubiler pour pas grand-chose. Nous avons les bonheurs de l'ambition qu'on a tracée pour nous. Et ça y va, depuis un moment, pour nous rappeler notre chance.