Ceux qui, parmi les ennemis du Hirak et le pouvoir en place, avaient misé sur l'essoufflement du mouvement populaire durant le mois de Ramadhan, ont été déçus. La mobilisation des étudiants, hier, à travers plusieurs wilayas du pays, a démenti tous les pronostics, et a constitué une réponse claire aux plus pessimistes. Le mouvement du 22 février ne va pas s'arrêter à cause du jeûne. Malgré la chaleur, les étudiants n'ont pas dérogé à la tradition, pour leur 11e mardi de suite, maintenant la pression pour le départ du système. À Alger, Oran, Tizi-Ouzou, Bouira, Boumerdes, Sidi Bel Abbès, Béjaia, à Mostaghanem et à Constantine, pour ne citer que ces villes, ils étaient des centaines à défier la difficulté de l'effort physique, en ce mois de carême. Comme l'a si bien résumé un étudiant, dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, cette marche vient donner le son de cloche pour la continuité du mouvement, et donc des manifestations de chaque vendredi. «Si cela prouve quelque chose, c'est qu'on est décidé à maintenir la pression jusqu'au départ du système en entier, c'est-à-dire qu'on ne veut pas d'un replâtrage en changeant X par Y, et pour un changement radical. C'est aussi un son de cloche qu'on donne aujourd'hui pour le vendredi prochain, pour dire que maintenant qu'on est sortis, mêmes les marches de vendredi seront maintenues, et la mobilisation populaire se poursuivra jusqu'au départ du système», a déclaré l'étudiant. En effet, beaucoup d'interrogations se sont posées sur le mode que devra suivre le mouvement durant le mois de Ramadhan, et si les algériens allaient marcher de nuit ou de jour pour s'assurer une large mobilisation. Mais, indépendamment de la réponse à cette question, le plus important est, parait-il, de poursuivre la révolte. C'est le message que semblent, d'ailleurs, délivrer les étudiants au reste des algériens. En s'attachant à leur mardi, ils appellent la population à s'attacher à son vendredi. Ils l'ont exprimé à travers plusieurs slogans brandis et scandés, comme à Oran, où les marcheurs répétaient «saymin wella fatrin, wellah mana habssin», qui veut dire littéralement : «Observant le jeûne ou non, nous n'arrêterons jamais». Ou encore cette pancarte levée par un étudiant à Alger, sur laquelle on pouvait lire : «Au mois de Ramadhan, la détermination du peuple doublera». En gros, la marche des étudiants aura décomplexé ceux qui hésitaient encore à se prononcer sur la mobilisation des algériens pour le départ du régime, durant le mois sacré. Commentant cette détermination des étudiants, Abdelwahab Fersaoui, président de l'association RAJ, parle d'«une réponse au pouvoir qui espère l'essoufflement du mouvement durant le mois de Ramadan». «Bravo et fière de nos étudiants. RDV ce vendredi comme d'habitude. La mobilisation pacifique va se poursuivre jusqu'au changement du système», a-t-il écrit. De son côté, le sociologue, Nacer Djabi, a estimé que «le mouvemente estudiantin vient de nous donner, ce mardi, une leçon à suivre le vendredi». Ainsi, bien que quelques défections soient attendues, notamment pour les personnes âgées, les enfants et les malades, la mobilisation citoyenne ne va pas faiblir pour le prochain vendredi, le douzième de suite depuis le 22 février. Et pour cela, ce sont les étudiants qui viennent d'en donner la preuve. Reste à savoir si les marches seraient maintenues de jour, au moment où plusieurs appels plaident pour la nuit. Face au pouvoir qui s'accroche à sa feuille de route, le Hirak a actualisé ses mots d'ordre qui, en plus du départ du système, tournent autour du «rejet de l'élection présidentielle du 4 juillet».